Amnistie pour les jeunes manifestants anti-CPE menacés de poursuites judiciaires

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

L’affaire est grave. Elle ne peut être laissée en l’état. Alors que nous sommes en train de retirer de la loi sur l’égalité des chances le CPE, des centaines de jeunes ayant participé au mouvement sont aujourd’hui menacés de poursuites judiciaires.

Plusieurs centaines ont déjà été traduits devant la justice en comparution immédiate, dans des conditions très souvent scandaleuses, tenant plus de la justice d’abattage qu’autre chose.
Plus de 4.000 interpellations, près de 2.000 gardes à vue, 1.300 comparutions en justice et à chaque fois, la moitié de mineurs.

Avec de tels chiffres, on pourrait, vu de l’étranger, croire à un pays ravagé par la violence, menacé par des hordes de jeunes prêts à tout casser.
C’est en effet la thèse martelée par le gouvernement.
C’est tout simplement scandaleux et révoltant.
D’une part, les jeunes et les salariés ont mené de bout en bout un mouvement déterminé et responsable. Malgré la surdité du gouvernement, son arrogance, son mépris qu confinaient à la provocation. Malgré les interventions policières musclées. Jamais la violence n’a eu sa place parmi les manifestants.

Le phénomène des « casseurs » largement surmédiatisé, est resté ultramarginal, et les manifestants en ont été souvent les premières victimes.
Dans leur écrasante majorité, les jeunes visés par cet acharnement judiciaire n’ont rien à voir avec des casseurs.
Que des actes violents, éminemment répréhensibles, soient condamnés, est une chose, qu’on laisse se poursuivre une entreprise de criminalisation et d’intimidation de l’action sociale et syndicale en est une toute autre.
Vous avez subi une défaite. Vous avez à l’assumer, mais de grâce, ne faites pas lâchement payer l’addition à des jeunes qui n’ont eu qu’un tort : ne pas vouloir du CPE.
Aussi, nous vous demandons la fin des poursuites.
L’amnistie relève de l’évidence pour les jeunes anti CPE.
C’est un geste qui est parfaitement justifié, comme en 1968, 1986 et en 1995.

Pourquoi le Président ne le ferait-il pas aujourd’hui ? Nous lui demandons expressément.

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