Amiante : débat à la MJC de Dunkerque sur la prévention des risques professionnels

Le 16 juin 2006, La sénatrice Michelle Demessine animait à Dunkerque un débat sur la prévention des maladies professionnelles avec la participation des animateurs de l’Association pour la Prévention des Risques Éliminables qui agit depuis plus de dix ans sur le site industriel de la Méditerranée

Fos, une idée à creuser pour la prévention des maladies professionnelles

La prévention des risques professionnels est un objectif réalisable, un droit pour chaque salarié, c’est ce qu’un débat sur l’amiante et les maladies professionnelles avait l’ambition de démontrer, le 16 juin dernier à la MJC de Dunkerque. Dans la continuité de la mission parlementaire d’information sur les conséquences de l’exposition à l’amiante, la sénatrice Michelle Demessine et le conseiller régional Dany Wallyn avaient invité syndicalistes et professionnels de santé à échanger sur cette question essentielle. Ce qui fut fait de façon très concrète grâce à la participation de Marc Andéol et du docteur Igonet, coordinateur et trésorier de l’Association pour la Prévention des Maladies Eliminables, de Fos-sur-Mer, l’équivalent du site industriel de Dunkerque dans les Bouches-du-Rhône. L’expérience de cette association a commencé en 1995, avec la collecte des paroles des ouvriers, de leurs expériences et de leurs connaissances des conditions de travail au sein de la Sollac. Elle s’est concrétisée sous la forme d’un système de prévention. En rassemblant des informations précises et détaillées sur chaque poste de travail, Marc Andéol a constitué une base de données et une cartographie précise des risques attachés à chacun d’eux. Le Docteur Igonet quant à lui, a traduit cette manne d’informations sur un site Internet à destination des médecins généralistes de la zone qui leur permet d’identifier et de prévenir les maladies professionnelles que leurs patients sont susceptibles de développer.

40 médecins connectés à “ la galerie des cas ”

A partir de cette mémoire ouvrière, un praticien accroît sa compétence professionnelle et accompagne judicieusement le salarié de la détection d’une maladie professionnelle à sa prévention. A ce jour, 40 médecins généralistes de Fos-sur-Mer, volontaires, connectés au site Internet dit de “ la galerie des cas ”, sont en capacité d’identifier les risques auxquels sont exposés leurs patients salariés sur le site industriel. Avec eux se mobilisent la médecine du travail, l’inspection du même nom, les CHSCT, les syndicats, les caisses primaires et régionales de l’assurance maladie, enfin tous les acteurs qui devraient avoir pour mission supérieure l’éradication des maladies causées par le travail.
Les témoignages de la salle ce 16 juin furent de ce point de vue unanimes : “ nous ne voulons plus mourir au travail ni par le travail ! ”
La volonté politique reste cependant l’ingrédient indispensable à la mise en œuvre à Dunkerque, dans toute son ambition, d’une expérimentation comme celle de Fos-sur-Mer.
C’est bien ce qu’ont rappelé Jean-Paul Teissonnière, avocat au barreau de Paris, et Serge Dufour, responsable confédéral des questions de Santé-Travail à la CGT. L’avocat a démontré que le payeur n’est pas du tout celui qui produit les atteintes, au-delà de ce que nous pensions. L’État, qui devrait protéger la santé des ouvriers, sert au contraire "d’assurance tous risques" en "mutualisant" la dépense, en vidant la loi de 1945 de son contenu dynamique, qui visait à réduire les charges de ceux qui ne produisent pas risques et à taxer ceux qui en produisent. Depuis, on a créé une multitude de relais, d’organismes, qui servent à "couvrir" ces derniers par une sorte d’impôt payé par tous.

Concrétiser à Dunkerque l’expérience de Fos

Le constat est clair : à l’époque de Marx, produire des morts et des malades ne coûtait rien du tout ; aujourd’hui au contraire, le coût des maladies professionnelles est devenu une énorme "contradiction" économique et culturelle. C’est alors un levier sur lequel il est possible de jouer pour gagner. A condition bien sûr d’affecter la dépense au bon endroit, sinon la contradiction se résout dans le pire des impôts et dans des dépenses de gestion purement parasitaires.
Pierre Pluta Président de l’ARDEVA, militant inébranlable des Veuves de dunkerque et du combat des victimes de l’amiante, pose lui aussi la question de la volonté politique car, dit-il, où les rapports parlementaires de tous ordres nous mèneront-ils si l’on autorise l’utilisation des fibres céramiques réfractaires en lieu et place de l’amiante, alors que cette substance est un cancérogène reconnu ?
Tant les salariés de l’Usine des Dunes à Leffrinckoucke que ceux d’Arcelor Dunkerque et Mardyck (ex-Sollac, ex-Usinor) veulent comprendre et enrichir de leur expérience ce qui se passe à Fos-sur-Mer. Les médecins du travail manifestent eux aussi leur intérêt et leur engagement pour que cela voie le jour dans le Nord. Avec eux, Michelle Demessine et Dany Wallyn, déclarent vouloir mettre toute leur énergie pour que ce soit le cas.

Avec P.F.

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