EDF-GDF : Annie David écrit au premier ministre

par Annie David

Monsieur le Premier Ministre

Votre gouvernement a annoncé, en juillet dernier, son intention de mettre en bourse, rapidement, une partie du capital d’EDF-GDF. Cela permettrait, selon votre ministre, le développement des deux entreprises et la baisse des tarifs pour les consommateurs.
Mais M. Meir n’a apporté aucun élément concret susceptible de fonder un projet industriel pour les deux entreprises, ni aucune perspective de développement d’un service public moderne répondant aux attentes des usagers du gaz et de l’électricité. Il n’a pas non plus fourni de garanties sérieuses sur le statut, les acquis, les droits des salariés et leurs nécessaires évolutions.

EDF et GDF restent aujourd’hui, en Europe et dans le monde, des entreprises à bien des égards exemplaires. Leur réussite économique et financière est avérée ; elles ont su diversifier leurs ressources, anticiper les problèmes environnementaux ; elles continuent à explorer l’avenir énergétique ; elles consentent en matière de recherche, des efforts conséquents dans le domaine des énergies renouvelables . En matière de formation elles sont capables de répondre à des demandes pointues venues du monde entier et leur qualité d’expertise n’est jamais remise en cause.

Votre décision de privatisation et de cession du patrimoine public à des opérateurs privés est, à mon avis et à bien des égards, anachronique.

Une autre démarche, novatrice, s’appuyant sur deux réalités, est possible :

1. L’énergie n’est pas une marchandise comme une autre. Son accès et son usage sont des droits humains et, à ce titre, des dispositions appropriées doivent être mises en œuvre pour la protéger des lois du marché et de la concurrence. Ceci est vrai pour la France, pour l’EUROPE, voire pour le monde. Avec EDF et GDF la France peut être porteuse d’idées, de projets, d’une expérience, qui peut être utile à tous.

Les enjeux cruciaux que revêt la question énergétique, en France et en Europe comme dans le reste du monde - enjeux économiques et sociaux mais également écologiques, climatiques et de sauvegarde des ressources de la planète - doivent faire l’objet d’un débat national, impliquant largement les citoyens, les salariés, en préalable à toute décision politique.

2. EDF et GDF sont des entreprises riche d’acquis sociaux qu’il convient non pas de remettre en cause mais de conforter et de développer.

 Développement des droits des salariés en matière sociale mais aussi économique et des droits d’intervention dans la gestion même de l’entreprise.
 Développement des droits des usagers et des élus du terrain pour que l’égalité d’accès et d’usage pour toutes et tous sur tout le territoire soient confortés et s’inscrive dans des projets d’aménagement du territoire démocratiquement élaborés.

Comme vous le constatez, cette démarche est le maintien et le renforcement des services publics, au service des populations, sans discrimination sociale ou géographique, et bien évidemment, je me prononce pour.

Je souhaite qu’un réel débat sur l’avenir d’EDF/GDF, mais aussi sur l’ensemble des services publics, aient lieu, afin de prendre en compte les aspirations des salariés et usagers qui exigent le maintien d’un service public de qualité.

Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

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