Nicolas Sarkozy fixe une feuille de route simpliste au groupe de travail parlementaire sur la crise financière internationale

Nicolas Sarkozy fixe une feuille de route simpliste au groupe de travail parlementaire sur la crise financière internationale

Mis en place dans le cadre des prérogatives parlementaires, le groupe de travail sur la situation financière internationale a, aujourd’hui, été reçu par le Président de la République.

De fait, l’exécutif cherche, par ce moyen, à fixer au groupe de travail une sorte de « feuille de route ».

Ainsi, ce sont les questions telles que le rôle des agences de notation, les dérives de la titrisation, l’application des normes comptables d’origine nord américaine et la rémunération des opérateurs de marché qui seraient, de manière technique et presque artificielle, placés au cœur de la réflexion.

Or, malgré l’importance de ces questions, ce ne sont pas les enjeux essentiels.
La question centrale de l’accès au crédit et de l’utilisation de l’argent se pose avec une force renouvelée. La crise a ses racines dans la répartition de la richesse produite dans l’économie réelle. Faut-il préférer les actionnaires ou les salariés ?

De même, se pose ouvertement la question de la construction européenne. Depuis l’adoption de l’Acte unique, puis du Traité de Maastricht, et enfin, depuis la constitution de l’Union Economique et Monétaire, la logique de libéralisation et d’ouverture des marchés financiers, de mise en concurrence des services et des populations a primé sur la réponse aux besoins sociaux. Cette logique, non seulement ne nous a pas protégés de la crise mais n’a fait, sur bien des aspects, que la favoriser et l’accentuer.

La situation des activités bancaires dans notre pays, à la lumière de l’expérience récente, justifie pleinement le développement d’un pôle public financier associant aux établissements de crédit encore investis de missions publiques, les banques et compagnies d’assurances privatisées depuis 1986, où l’Etat doit prendre des participations significatives.

Ces participations doivent viser, dans le cadre d’un contrôle de l’utilisation de l’argent, à mettre en œuvre une nouvelle politique du crédit, favorisant les investissements créateurs d’emploi et de croissance, et rejetant les logiques financières purement spéculatives.

La France, de par la place qu’elle tient dans le concert des nations, doit s’impliquer dans un processus de mise en question de l’action des institutions financières internationales et des banques centrales.

L’action du FMI doit ainsi être repensée, s’appuyant sur une modernisation des droits de tirage spéciaux par l’apport de nouvelles devises de référence pour favoriser, notamment dans les pays émergents et les pays en voie de développement, les projets répondant aux besoins sociaux des populations.

En conclusion, le groupe de travail parlementaire ne peut se contenter d’appréhender une petite partie des problèmes posés. Il doit formuler des propositions novatrices et des réponses structurelles, dépassant la simple technique financière.

Jean-Pierre Brard, député apparenté communiste
Bernard Vera, sénateur

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