Budget 2003 : enseignement scolaire

par Annie David

Il nous incombe de construire l’avenir de manière solidaire, car c’est là l’intérêt de chaque citoyen, toutes générations confondues, et l’intérêt de la nation.

Notre jeunesse dans sa totalité et dans sa diversité constituera la France de demain : le budget proposé engage cet avenir, et ne pas considérer comme prioritaire l’éducation de notre jeunesse, c’est là une drôle d’économie ! 54 milliards. Même important, ce budget n’est pas suffisant et il n’a pas réussi à convaincre mon groupe, ni l’opinion publique d’ailleurs, comme l’a démontré la manifestation du 17 octobre dernier.

Le budget est traité en terme de masse financière et non pas en fonction des postes nécessaires, des besoins avérés. Sa logique est celle du résultat et non celle des moyens. Elle entraîne, sans pitié pour la mission moderne de ce service, laïque et gratuit, la remise en cause du collège unique, et de l’objectif des 80 % d’une génération au niveau du baccalauréat, la diminution des subventions aux programmes pédagogiques, la réduction des effectifs des personnels. Pourquoi rompre avec le plan pluriannuel, décidé par le gouvernement précédent, et qui entrait dans sa troisième et dernière année ?

La gratuité de l’enseignement républicain ? Le budget fait l’impasse sur le financement des manuels scolaires, pourtant revendiqué par toutes les familles. Le Premier ministre ne déclarait-il pas, il y a quelques mois, en sa qualité de président des régions de France, que cette dépense incombait à l’État et non aux collectivités territoriales ?

L’enseignement et la pédagogie doivent être reconnus comme un savoir-faire spécialisé, comme une mission qui ne se limite pas à la transmission des savoirs. Pour ce faire, l’enseignant doit bénéficier d’une formation professionnelle continue adaptée aux nouvelles technologies et aux nouveaux outils pédagogiques. Or les crédits de formation continue sont amputés de 50 millions…

En outre, l’enseignant devrait être entièrement libéré des tâches de gestion, de surveillance, de maintenance, d’assistanat social. Les professionnels de l’encadrement, nécessaires et précieux, intégrés dans la vie de l’école, sont là pour remplir cette mission : or, le gouvernement supprime 5 600 emplois de MI-SE ; environ 10 000 personnes sont concernées compte tenu des emplois à mi-temps et à temps partiel. En outre, 20 000 aides-éducateurs ne seront pas reconduits.

Les crédits alloués à la vie scolaire et aux projets pédagogiques sont réduits, ceux des actions éducatives et culturelles supprimés et la plupart des projets d’action culturelle seront abandonnés puisque leur budget est réduit de 20 millions.

Au moment où M. Darcos, scandalisé par de graves violences à l’école, présente « un plan pour la paix scolaire »… termes choquants qui rappelle d’autres situations…. (marques de perplexité à droite), les suppressions prévues paraissent incohérentes et en totale contradiction avec les exigences des enseignants.

Si l’école est un régulateur, elle ne peut assumer seule les conséquences de notre crise sociale endémique sur notre jeunesse. Celle-ci, n’est d’ailleurs pas « un peuple de sauvageons que l’armée pacifie ». Le gouvernement en revient aux schémas de pensée, de langage et d’action du dix- neuvième siècle !

L’illettrisme, l’absentéisme et même l’insolence à l’école ne sauraient être assimilés à la délinquance et au banditisme.

La délinquance et le banditisme existent à l’école ; mais ils sont dûs à l’état de notre société. Et puis, la délinquance sociale et économique n’a pas d’âge, vous le savez bien !

La jeunesse était dans la rue le 21 avril, toute la jeunesse, et elle s’est manifestée dans tout l’hexagone, rappelez-vous. Elle ne demande que les moyens d’agir sur sa vie et sur celle de la cité ; des moyens, certes, mais aussi de l’estime et de la confiance. À ce propos, le budget ne prend pas en compte la question importante de l’allocation d’autonomie et rien n’est proposé pour l’aide financière aux lycéens.

Le service public, dans l’esprit de la République, est pourtant censé organiser l’égalité des chances et l’accès de tous aux savoirs. Le déterminisme social n’est pas une fatalité !

Que proposez-vous aux aides-éducateurs, aux emplois jeunes dont le contrat arrive à échéance ? Et comment répondez-vous au besoin de personnel d’encadrement de proximité ?

En réponse à M. Arthuis, vous avez répondu, Monsieur le Ministre, que vous feriez des efforts pour réduire votre budget. Sur quels secteurs portera cette réduction ?

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