Loi de programmation militaire (2)

par Josiane Mathon

Au moment où les préparatifs d’une nouvelle campagne guerrière s’intensifient dans le golfe arabo-persique, témoignant du danger de la domination militaire, nous devons dire, ce que la France veut faire pour la sécurité, la sienne et celle du monde.

Mme Luc vous dira l’opposition du groupe C.R.C. à cette loi qui place l’armée au service d’une conception hiérarchisée du monde, où prédominent les rapports de forces sur les coopérations, la peur du voisin sur le dialogue entre les peuples : voilà qui ne sera jamais notre conception de la famille humaine !

Ce texte propose d’augmenter considérablement la participation de la France à la domination de la planète : plus 5,5 milliards d’euros d’équipements entre 2003 et 2008.

L’effort concerne d’abord les armements nucléaires, armes de destruction massive inutiles, puisque, utilisées elles détruiraient toute ou partie de l’humanité, et inutilisées, elles entretiennent la loi du plus fort, gèlent des ressources si nécessaires aux besoins sociaux !

Selon Adam Smith, lui-même, « si les dépenses militaires sont nécessaires, elles sont paupérisantes ».

La course aux armements, relancée par les États-Unis comme moyen de suprématie sur la planète, nourrit le marché des armes. Y participer, c’est banaliser le recours à la force, aux guerres dites « préventives », encourager le commerce et le trafic des armes. Cette course s’accompagne d’une libéralisation de la production qui touche tous les pays, y compris la France, conduisant finalement à la privatisation des industries de défense.

Le groupe C.R.C. prône une politique claire en matière d’armements : produire, sous contrôle public, ce qui est nécessaire à la défense nationale, à la protection de la paix en Europe et dans le monde dans le cadre du droit international et d’institutions mondiales démocratisées. C’est pourquoi nous souhaitons pérenniser les industries publiques de défense, que vous malmenez !

Notre pays doit être autonome pour sa politique de défense, de même l’Europe.

Or le jeu de mécano des privatisations et des fusions des industries d’armement, placent les entreprises européennes sous l’influence des intérêts privés américains.

Nous pensons qu’il faut, au contraire, promouvoir un pôle public de l’armement regroupant des entités aux statuts publics et privés, en les assujettissant à des règles de moralité et d’éthique pour la conception, la fabrication, et la vente des armes. L’arme n’est pas une marchandise ordinaire.

Giat-industries est au cœur de cette question. Fragilisé par une incroyable mauvaise gestion du contrat Leclerc avec les Émirats Arabes Unis, mais aussi par une gestion sociale démoralisatrice, un recours massif à la sous-traitance et au travail intérimaire, cet établissement joue un rôle fondamental dans la maîtrise publique de l’armement et dans celui de l’aménagement du territoire.

Madame la Ministre, allez-vous confier à Giat la fabrication du V.B.C.I. prévu par la loi de programmation ? Confirmez-vous que le programme Felin sera pris en charge par cet établissement public, ainsi qu’une partie du maintien en condition opérationnelle du parc en service ?

Que proposez-vous pour conforter la fonction sociale de G.I.A.T. ? Il serait utile de diversifier les activités du G.I.A.T., pour répondre à des besoins civils, par exemple la production de matériels de transports ferrés. Y seriez-vous prête, madame la Ministre ? Que préparez-vous ? J’apprends par voie de presse que vous avez réuni les parlementaires de la majorité, élus de ma circonscription, à propos des établissements du G.I.A.T. implantés sur celle- ci.

Vous prépareriez non un plan social, mais pire encore…

Les salariés de la D.C.N., dont le statut, malgré notre opposition, a été transformé l’année dernière, s’inquiètent de l’avenir de leur entreprise. Les catastrophes industrielles nées de la mise en concurrence des établissements publics avec des acteurs privés, devraient nous alerter ! Quelles assurances pour les commandes ? Il est paradoxal que l’État dépense plus pour équiper ses armées, tout en fermant des sites industriels, ce qui aura des conséquences désastreuses pour l’emploi et le développement économique.

Madame la Ministre, nous nous y opposerons ! Nous avons besoin d’un débat sincère sur l’avenir de ces entreprises. Des pistes existent pour les redynamiser, les diversifier. Sachons utiliser ce potentiel !

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