Intervention de Michel Billout sur l’Afghanistan

Intervention de Michel Billout sur l'Afghanistan (Artem Beliaikin - https://www.pexels.com/fr-fr/@belart84)

Délégation française à l’assemblée parlementaire de l’OSCE

Vienne, le 19 février 2010

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Je veux exprimer ici ma préoccupation à l’égard du sort aujourd’hui réservé à la population civile.

En 2001, l’opération militaire conduite, alors sous l’égide de l’ONU, par les États-Unis et d’autres puissances, parmi lesquelles la France, devait permettre de venir en aide à la population afghane en mettant un terme à l’oppression qu’elle subissait. Le régime des talibans fut rapidement renversé : on pouvait dès lors espérer que la présence étrangère fût de courte durée et que la situation s’améliore progressivement. Près de dix ans après le lancement de cette opération, force est de constater que ce n’est pas le cas.

Bien évidemment, je ne remets pas en question le courage des soldats qui remplissent sur place une mission très difficile. Je ne nie pas non plus que des progrès ont été accomplis, que ce soit en terme d’infrastructures construites, en terme de scolarisation ou d’accès aux soins, fussent-ils élémentaires et développés essentiellement dans les villes.

J’ai malgré tout le sentiment que la coalition a failli. Les dernières élections en Afghanistan n’ont été qu’une mascarade et le Président Karzaï a encore perdu en légitimité. La corruption au sein du pouvoir est patente. En outre, la menace talibane se fait chaque jour plus pressante.

Or, c’est la population afghane qui est la première victime de cette situation. Au cours de l’année 2009, 2 412 civils ont été tués, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2008, pourtant déjà très meurtrière. Plus d’un tiers de ce ces victimes est la conséquence des actions de l’OTAN.

Je crains que la situation ne s’améliore guère au cours des prochains mois. La décision récente d’accroître les forces militaires de l’OTAN, considérées le plus souvent par la population comme une force d’occupation, alimentera la résistance talibane. Il est peu probable, dans ce cadre, que les civils soient épargnés.

Je suis également préoccupé par les difficultés que rencontrent quotidiennement les ONG opérant sur place. Les moyens que nous octroyons aux programmes civils humanitaires sont sans commune mesure avec ceux accordés aux actions militaires.

Je crois que c’est donc par la diplomatie et l’aide au développement que nous parviendrons un Etat afghan viable. L’intervention militaire a clairement montré ses limites. J’estime que l’OSCE, en tant qu’organe de médiation, a un véritable rôle à jouer, aux côtés de l’ONU et des ONG, pour jeter les bases d’une paix durable en Afghanistan – une paix qui profiterait enfin à son peuple.

Je vous remercie.

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