Au secours, la censure est de retour !

Il y a quelques semaines, je participais aux travaux de l’association « Agir contre le colonialisme aujourd’hui », où Henri Alleg, odieusement torturé par l’OAS, et ses camarades présentaient leur « Manifeste pour la condamnation du colonialisme et de ses crimes, et pour l’instauration de nouveaux rapports mondiaux ».

Lors de ce débat, je faisais part de mon inquiétude, évoquant les signes ténus ou flagrants, mais de plus en plus nombreux, de réappropriation des thèses négationnistes ou fascistes : un portrait de Pétain dans une mairie, des édifices à la gloire de l’OAS dans des cimetières ou sur des places de villages, l’inscription sur le mémorial du Quai Branly à Paris des noms de civils, victimes certes, mais d’avoir répondu à l’appel à la haine revancharde de l’OAS le 26 mars 1962 dans les rues d’Alger… mais également les partis d’extrême-droite qui relèvent la tête en Europe, les nouvelles formes de colonialisme qui oppriment aujourd’hui : soutien à des dictatures, poursuite du pillage des richesses naturelles des anciennes colonies, engagement des soldats français dans la guerre américaine en Afghanistan, en Afrique, au Proche-Orient… sans compter les débats nauséabonds sur l’ « identité nationale » organisés sur ordre dans les préfectures.

J’évoquais aussi ceux que j’ai combattus – bien seul – au Sénat lors du vote de la loi du 23 février 2005, loi réhabilitant quasiment l’OAS, gravant sur le marbre de la loi les « bienfaits » de la colonisation, créant une fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie qui permettra, à l’aide de très gros moyens financiers, aux nostalgiques de l’Algérie française de réécrire l’histoire à leur façon.

Et puis, en lisant la presse dimanche dernier, je comprends soudainement que nous en sommes revenus aux sombres périodes de la censure ! Deux exemples ô combien édifiants : d’un côté un député UMP s’en prend au dernier film du réalisateur Rachid Bouchareb, demande… et obtient une expertise du service historique de la Défense. D’un autre côté, un maire, également UMP, fait fermer pour « raisons de sécurité » une exposition consacrée aux vidéos de l’artiste Zineb Sedira évoquant la guerre d’Algérie.

C’est très grave, car ceux qui pratiquent ce terrorisme intellectuel deviennent de jour en jour plus arrogants, œuvrent aujourd’hui à visage découvert assurés non seulement de leur impunité mais de la bienveillance de ceux qui nous gouvernent.

Feront-ils bientôt taire ceux qui les combattent ou fermer les journaux qui ne dispensent pas la parole unique ?

Vite, vite, réagissons tant qu’il en est encore temps.

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