La puissance publique ne doit abandonner à aucun prix ses responsabilités, les industriels ne peuvent décider seuls de ce qui est utile ou dangereux

La puissance publique ne doit abandonner à aucun prix ses responsabilités, les industriels ne peuvent décider seuls de ce qui est utile ou dangereux - Nanotechnologies

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Une révolution industrielle est en marche : 2 à 3 millions d’emplois pourraient être créés dans les pays concernés. Mais est-ce pour le meilleur ou pour le pire ?

Le monde prometteur des nanotechnologies est encore mal connu. La nano recherche produit des recettes substantielles, mais sans recul nécessaire pour évaluer les risques tant sur l’environnement que sur la santé. Les nanoparticules peuvent entrer au plus profond des organismes. On savait l’amiante dangereuse dès le XIXe siècle, mais elle a tué au XXe et continue de tuer. La logique du profit l’a emporté sur les impératifs de santé publique : les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets !

Les propriétés des nanoparticules sont potentiellement redoutables pour les hommes. Il ne faut pas laisser les industriels prendre seuls les décisions. L’Afsset juge qu’il est impossible de procéder à une évaluation satisfaisante des risques des nanoparticules pour l’homme.

Le Parlement européen s’en préoccupe mais on sait ce que valent ses recommandations quand des milliards de dollars sont en jeu.

Des nanoparticules agrégées peuvent causer des dommages irrémédiables au corps humain. Si nous ne faisons rien, notre responsabilité sera immense. Voyez les précédents : dioxine, déchets nucléaires... Le risque est patent, mais on produit quand même ; le parallélisme avec les OGM est frappant !

La puissance publique ne doit abandonner à aucun prix ses responsabilités, les industriels ne peuvent décider seuls de ce qui est utile ou dangereux. Et les impacts sont tels qu’une réflexion éthique s’impose. Peut-on admettre sans débattre la constitution de fichiers non sollicités ? La Cnil saura-t-elle gérer les multifichages qui s’annoncent ? Un porteur de nano puce pourra-t-il toujours en mesurer les conséquences sur sa liberté et son autonomie ? Des armes nouvelles sont aux mains des seuls industriels qui savent comment s’en protéger, des armes auprès desquelles la bombe atomique ressemblera à une fronde... Est-ce concevable ?

La législation doit prévenir les risques. Les tests scientifiques avant commercialisation doivent être pratiqués par des organismes indépendants. La protection du public devra être garantie pour tous les produits dont l’innocuité n’est pas démontrée. En outre, des investissements publics devront être lancés à la hauteur des enjeux. Lorsque la puissance publique abandonne sa mission, ce n’est plus la science qui oriente la recherche, mais le marché. Il faut un secteur public puissant au niveau européen, voire mondial.

Enfin, la transparence et l’information des citoyens sont nécessaires. Comment la vigilance démocratique pourrait-elle sinon être invoquée ? La démocratie prend tout son sens quand le citoyen informé participe à l’évaluation des bénéfices du progrès scientifique et fait valoir ses préoccupations. La commission nationale du débat public doit jouer son rôle. L’étiquetage des produits permettra de réduire les soupçons de manipulation et réduira la méfiance de l’opinion envers la science industrielle. Notre mandat politique consiste à réduire la vulnérabilité de la société.

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