GIAT-Industrie menacé de démantèlement

par Josiane Mathon-Poinat

Madame la Ministre, mon département, vous le savez est très attaché au GIAT.

Votre gouvernement, sans concertation avec les élus, ou alors seulement avec ceux que vous choisissez, a annoncé lors du CIADT du 26 mai, des mesures préfigurant la fermeture du site de Saint-Chamond et la réduction à peau de chagrin de celui de Roanne, pour me limiter à mon département.

Vous ne faites donc aucune confiance dans l’actuelle procédure d’élaboration de propositions alternatives à la casse du GIAT.Vous voudriez discréditer le dialogue social en cours, vous ne vous y prendriez pas autrement.

A regarder de près les annonces du CIADT, on mesure qu’il s’agit surtout d’effet d’annonce, sans grand rapport avec l’enjeu industriel local.

Il en est ainsi de la construction d’une prison, du financement d’une salle de spectacles, ou de la création d’un Centre International de Design, quel qu’en soit par ailleurs l’intérêt.

D’autre part, comment rendre crédible la création d’un centre européen de la mécanique des biens d’équipement industriels en se passant du GIAT, de ses outils, de ses savoir-faire ?

GIAT est la plus grande entreprise industrielle de la Loire, avec 2 400 salariés. Cette présence irrigue le tissu économique local, permet des collaborations avec le secteur privé, notamment et précisément dans le domaine de la mécanique, constitué essentiellement de petites et moyennes entreprises. Celles-ci traversent une grave crise.

A la fin du premier trimestre de l’année 2003, la CGPME vient de tirer la sonnette d’alarme concernant la multiplication de dépôts de bilan des PME qui gonflent l’augmentation du chômage.

Madame la Ministre, vous mettez sur la table des milliards. Pour l’heure, cette masse d’argent public est destinée à casser des emplois, ceux du GIAT, sans perspectives réelles, ou alors elles restent à démontrer, de nouveau développement économique de la Loire.

Aussi je vous fais une proposition : parallèlement au dialogue social en cours, le gouvernement pourrait organiser sous l’égide du Préfet, une table-ronde réunissant l’ensemble des forces vives du département : élus, chambres consulaires, partenaires sociaux, afin d’ébaucher concrètement ce que la Loire peut attendre d’un véritable plan de relance de l’emploi industriel avec le GIAT au coeur de cette ambition.

Mme ALLIOT-MARIE, ministre de la Défense. Je ne relèverai pas toutes les contradictions de votre propos, d’autant que nous avons déjà débattu sur le fond. Les atermoiements, le manque de courage des plans sociaux élaborés par le passé, ont conduit à cette situation où le G.I.A.T. est menacé de disparaître - et c’est parce que nous voulons conserver une industrie de défense que nous avons décidé de sauver le G.I.A.T., en faisant preuve de réalisme. Vous savez comme moi quelle est la situation : trou de quatre milliards d’euros, creusé en dix ans ; suppression de 60 % du plan de charge, avec la fin du char Leclerc, lequel n’est pas remplacé. Dans cette situation difficile pour les salariés, le gouvernement ne veut ni les bercer d’illusions, ni les abandonner ; nous avons demandé à l’entreprise d’élaborer un plan comprenant des perspectives industrielles, offrant aux salariés qui resteront l’assurance d’une véritable carrière plutôt que l’horizon d’un nouveau plan social tous les trois ans. Une possibilité de reclassement sera offerte à ceux qui perdront leur emploi. L’État assume sa part de responsabilité, vis-à-vis des fonctionnaires et des ouvriers sous décret ; l’aménagement du territoire ne sera pas oublié.

Bien des actions ont été menées. Ici même, vous avez adopté un dispositif facilitant la reconversion des salariés. Nous travaillons avec les élus locaux pour trouver les moyens de réactiver les industries locales, de faciliter de nouvelles installations.

Comme vous, je souhaite le dialogue et je me félicite que l’accord de méthode du 12 mai ait été adopté à l’unanimité. Il donne aux représentants du personnel des délais et des moyens d’expertise exceptionnels pour analyser le plan, l’entreprise leur donnera accès à toutes les informations. L’État fera de même sur ses intentions de commandes, qui seront reprises dans un contrat d’entreprise.

Vous voudriez, vous, tout stopper. Ce n’est pas ma conception de la responsabilité, nous devons, comme je le fais depuis des mois, tout faire pour trouver des solutions, en tenant le langage de la vérité !

Mme MATHON. Je ne veux pas tout stopper ! Je constate seulement que cinq plans sociaux sont intervenus, mais que les problèmes demeurent. Une reconversion est peut- être possible, où le G.I.A.T. serait un pôle industriel intéressant des partenaires locaux, nationaux et internationaux. J’ose espérer que vous entendrez ces propositions alternatives !

Retour en haut