Comment reconnaître la diversité des langues régionales dans le cadre de l’unité républicaine ?

Comment reconnaître la diversité des langues régionales dans le cadre de l'unité républicaine ? - Langues et cultures régionales ( Expect Best)

Aborder la question de la place des langues et des cultures régionales dans notre société est toujours un exercice éminemment délicat.

Ce sujet sensible ouvre la voie à des débats animés, dont les lignes de clivage dépassent les appartenances politiques.

Ces positions passionnées s’expliquent historiquement : le français a été imposé comme langue de la République par la force et au détriment des langues régionales.

Celles-ci connaissent partout un déclin très important de leur pratique malgré l’émergence de politique linguistique dans certaines collectivités territoriales.

Le Conseil régional de Bretagne par exemple a officiellement reconnu, aux côtés du français, le breton et le gallo comme langues de la Bretagne historique. Il a assorti cette reconnaissance d’un plan volontariste pour leur sauvegarde, leur transmission et leur développement.

Personne ne conteste que les langues et les cultures régionales participent de la diversité linguistique et culturelle de notre pays, et rares sont ceux qui s’opposent à leur existence.

Nous pensons qu’il faut les défendre et les préserver.

Traces vivantes de l’Histoire, elles sont d’immenses sources de richesses.

Cette défense des langues régionales n’entre pas en concurrence avec la langue de la République qu’est le français mais il faut plutôt y voir une complémentarité.

Leurs usages et leurs pratiques peuvent parfaitement s’inscrire dans une dynamique ne remettant pas en cause les principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français.

Favoriser l’essor des langues régionales doit être une des grandes batailles à mener aujourd’hui compte tenu de l’hégémonie grandissante de l’anglais et de la menace d’uniformisation culturelle mondiale qu’il fait peser.

Cela n’est pas sans lien avec le sujet qui nous occupe, car à l’heure de la mondialisation et l’uniformisation à marche forcée, le repli identitaire et la résurgence des mouvements nationalistes, indépendantistes, semble s’instaurer comme autant de réponses à la dilution des repères culturels nationaux. Le pacifisme des actions revendicatives doit absolument prévaloir si nous voulons progresser ensemble.

La question centrale est donc posée : comment accorder une reconnaissance à ces langues dans le respect de l’unité républicaine ?

La majorité des sénateurs du groupe CRC-SPG craint que certains aspects de cette proposition de loi n’aille trop loin.

En créant une véritable obligation de service public en langue régionale dans des domaines aussi larges que l’enseignement, l’audiovisuel ou encore la presse écrite, se pose tout d’abord la question de l’engagement de l’argent public et celui de la libre administration des collectivités locales.

Que l’Etat rende possible la pratique et la protection de ces dernières est une chose, mais qu’il en ait l’obligation dans tous les domaines de la vie publique en est une autre.

Nous appelons donc à la prudence sur cette question délicate, et c’est pourquoi la majorité des sénateurs du groupe souhaitent s’abstenir sur ce texte.

Une langue régionale, est à la fois un instrument d’échange et un patrimoine culturel au sens large du terme. Aujourd’hui, une des plus grandes difficultés pour les locuteurs est son utilisation au quotidien et son partage intergénérationnel.

Le volet patrimoine et culturel semble plus aisé à conserver, à développer, à valoriser, pour peu que les pouvoirs publics, les collectivités, les enseignants, les artistes, aient la volonté d’œuvrer ensemble.

L’enjeu est de les revitaliser et promouvoir leur usage dans tous les domaines.

Retour en haut