90ème anniversaire de la FNATH

90ème anniversaire de la FNATH - Colloque au Sénat le 10-10-2011 (Cottonbro - https://www.pexels.com/fr-fr/@cottonbro)

colloque « Vivre et travailler après un accident de la vie »
 organisé par la FNATH pour le 90ème anniversaire -
Conclusion d’Annie DAVID, Sénatrice de l’Isère, Présidente de la commission des affaires sociales

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents des délégations régionales ou départementales,
Mesdames, messieurs,
Chers Amis,

Permettez-moi tout d’abord de vous transmettre les salutations et les regrets de mon collègue Guy Fischer, éloigné du Sénat par un long traitement, qui devait initialement vous accueillir et qui a permis que cet après midi se déroule dans ces murs.

Vous savez, Monsieur le Président, qu’il voue un attachement particulier à votre association de laquelle son père avait été un inlassable militant. Elle s’appelait alors l’association des « Mutilés du travail ».

Personnellement très investie dans la problématique de la souffrance au travail, de la protection des salarié-es, je suis très heureuse de conclure avec vous ces travaux, dans cette haute assemblée qui amorce une transformation qui la rendra, je l’espère, plus ouverte aux actions de solidarité envers les travailleurs qui sont précisément votre raison d’être depuis 90 ans, bel âge pour une association, ce qui m’incite à vous souhaiter un très bon anniversaire !
Une telle longévité témoigne en elle-même de l’implantation de cette grande association solidaire, de la fidélité de ses adhérents, de son éminente utilité sociale. Née avant la Sécurité sociale, votre association a été le fruit de l’élan de générosité d’hommes et de femmes, désireux de cultiver l’entraide, de lutter contre l’injustice, à l’époque où un ouvrier privé de travail ne bénéficiait d’aucune protection, ne pouvait tout simplement plus faire subsister sa famille.
Bien sûr, elle a subi des transformations en presque un siècle. Mais je crois profondément qu’elle demeure ancrée dans l’idéal de solidarité de ses fondateurs, mettant à présent son expertise au service de toutes les catégories d’accidentés de la vie.
Au Sénat, avec mon groupe parlementaire, nous nous appuyons souvent sur les travaux des spécialistes de la FNATH pour améliorer les textes relatifs à la santé au travail, au handicap, et d’une manière plus générale, à la protection sociale. Et croyez que nous en avons toujours apprécié les analyses et les conseils.

Car nous sommes, vous le savez, dans un contexte où explosent littéralement les atteintes à la santé au travail.
Selon une étude menée par Eurostat, en Europe, 28 % des travailleurs seraient exposés à au moins un facteur susceptible d’affecter de manière défavorable leur bien-être mental.
De son côté, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail soulignait que les consultations pour risque psychosocial étaient devenues, en 2007, la première cause de consultation pour pathologie professionnelle en France.
Pour autant, bien qu’un accord national interprofessionnel sur le stress au travail ait été signé en 2008, les employeurs refusent toujours de reconnaître le lien entre travail et souffrance. Cette situation a connu son paroxysme avec les déclarations choquantes du président de France Télécom, parlant de « mode »... pourtant, le nombre de suicides trouvant leur origine dans l’entreprise devrait, comme le préconisent les deux rapports parlementaires publiés sur le mal-être au travail, et dont j’ai participé aux travaux de celui du Sénat, nous inviter à légiférer pour mieux protéger les salarié-es.
Les troubles musculo-squelettiques, les TMS, figurent, d’après les bulletins épidémiologiques hebdomadaires publiés par l’Institut de veille sanitaire, parmi les questions les plus préoccupantes liées à la santé au travail. Ils occupent la première place au sein des maladies professionnelles et, plus grave encore, demeurent la première cause de morbidité liée au travail, puisqu’ils sont à l’origine de la perte d’environ 7 millions de journées de travail chaque année.
Encore un chiffre plus qu’édifiant : 69 % des personnes précaires sont considérées en « souffrance psychique » et 80 % des intérimaires sont soumis à au moins un risque professionnel.
Si, partout en Europe, on observe un mouvement identique, la France semble être cependant en tête des pays européens quant au nombre de maladies professionnelles déclarées et reconnues, selon le rapport d’enquête Les maladies professionnelles en Europe –Statistiques 1990-2006 et actualité juridique, publié par Eurogip.
Tout cela se conclue chaque année par 130 000 licenciements pour inaptitude ... avec les conséquences que vous avez surement évoquez cet après midi sur la vie privée de chacune et chacun de ces salariés...
Pour y faire face, il n’est qu’une priorité : faire de la santé au travail une composante à part entière de la santé publique, ce qui exige la mobilisation de moyens humains et financiers. C’est en tout cas le combat que je mène avec le groupe "Communiste, Républicain et Citoyen" au Sénat. c’est peut-être aussi une des voies que vous avez explorez au cours de vos travaux.
Mais l’action de l’Association des Accidentés de la vie, couvre, comme son nom l’indique, tous les champs du handicap, quel qu’en soit l’origine.
A ce propos, je voudrais vous féliciter pour vos dernières campagnes d’information, extrêmement bien réalisées. Je veux parler du guide « travailler avec un handicap » et de la bande dessinée « contretemps », qui alerte sur la recrudescence des accidents de trajet.
C’est aussi cette capacité d’informer, d’être à l’écoute, qui fait de toutes et tous vos militants un point d’appui majeur pour les personnes malades ou handicapées qui ne connaissent pas forcément leurs droits.
Je voudrais pour conclure vous réaffirmer la volonté de mon groupe de travailler avec vous sur toutes ces problématiques, pour le mieux-être de toutes celles et tous ceux que la vie n’a pas épargnés.
Et, en ma qualité de toute nouvelle Présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, je puis vous assurer de ma disponibilité et de mon écoute.

Pour conclure, je vous souhaite un très bon anniversaire, 90 ans c’est un bel âge, à vous toutes et tous, militantes et militants pour l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre, étant persuadée que vous aurez su mettre à profit cet après midi d’étude pour des travaux fructueux, tant en matière de protection de la santé qu’en convivialité !

Merci pour votre engagement, merci pour votre écoute.

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