Prevent glass : intervention auprès du ministre du redressement productif

Avant une visite sur le site et une rencontre avec les salariés de Prevent glass, à Bagneux-sur-Loing prévue mercredi 6 juin à 15 h 30 , Michel Billout, sénateur et Charlotte Blandiot Faride, conseillère régionale d’Ile-de-France, ont écrit à monsieur Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, afin qu’il étudie des pistes nouvelles, courageuses, qui n’ont pas été explorées par le précédent gouvernement pour sauver un outil de production ultra moderne et le savoir faire reconnu de ses 219 personnels qualifiés.

Lettre en téléchargement

Monsieur le ministre,

Très attentif à la situation du maintien et du développement de l’appareil productif industriel en Seine-et-Marne, nous suivons de près la situation de la société Prevent Glass et des 219 salariés de cette usine, placée en redressement judiciaire le 21 novembre 2011 puis en liquidation judiciaire début mai par le tribunal de commerce de Melun sans qu’aucune action du gouvernement précédent ne soit engagée pour aider à la sauvegarde industrielle du site.

Nous avons été d’autant plus scandalisés par cet immobilisme gouvernemental que l’Île-de-France et, en particulier, la Seine-et-Marne, dans le sud de son territoire, ont connu ces dernières années un phénomène de désindustrialisation très fort, accompagné d’immenses difficultés de reconversion, dont la conséquence a été la perte de plus de 1 000 emplois.

Nous savons bien évidement que ce dossier ne vous ai pas inconnu et nous avons apprécié que vous receviez les représentants des salariés au sein de votre ministère le 24 mai dernier.

Vous le savez, ces derniers les salariés de Prevent Glass ont du faire face ces dernières années à de nombreuses adaptations industrielles pour survivre :

Initialement propriété de Thomson Videoglass, le site a été revendu en 2005 à la filiale française de l’espagnol Rioglass. Près de 100 millions d’euros ont alors été investis pour sa reconversion, avec un engagement Financier de Thomson, mais également de l’Etat, de la région Ile-de-France et du Conseil général de Seine-et-Marne qui ont créé un groupement d’intérêt public, le GIP Sud Seine-et-Marne, dénommé « Plateforme de revitalisation et de développement du sud Seine-et-Marne ».

Héritiers d’une longue tradition industrielle qui fait corps avec la vallée du Loing, les verriers de PREVENT GLASS ont fait face à toutes ces mutations, disposant d’un authentique savoir-faire. Ils se sont formés pour passer de la production des tube cathodiques de Thomson aux vitrages automobiles et gagner chaque année en compétitivité. En 2010, Prevent Glass réalisait 22 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Le principal problème est venu de la cupidité du groupe allemand Volkswagen, qui pendant plusieurs années a imposé des baisses de prix sous prétexte de gains de productivités ! Contraint in fine de produire à perte, Prevent Glass n’a pu résister.

En novembre 2011, PREVENT Glass a été cédé au fonds d’investissement International Corporation Investissement ( ICI) constitué par des dirigeants de PME allemandes, qui a tenté d’engager des négociations avec Volkswagen afin d’obtenir une hausse des prix des produits vendus. Le gouvernement de l’époque, bien informé des pratiques commerciales du groupe allemand aurait pu intervenir et appuyer la direction et les salariés de cette entreprise. Ce choix n’a pas été fait, et l’échec des négociations a conduit le fonds d’investissement à se retirer du projet et à ouvrir une procédure collective.

Volkswagen s’est engagé alors à payer les salaires pendant six mois et à trouver un sous-traitant pour reprendre l’activité industrielle du site. On sait ce qu’il est advenu de ce dernier engagement....

Volkswagen a brutalement arrêté la fabrication dans cette entreprise, c’est une faute, et nous estimons qu’elle a une responsabilité sociale et que cet abus de position dominante mérite d’être sanctionné.

Comment ne pas être choqué par l’attitude de ce constructeur qui a aligné un bénéfice net record en 2011 de 15,4 milliards d’euros, bénéfice sept fois plus élevé que celui de Renault et vingt-cinq fois supérieur à celui de PSA ! Dans un article paru dans le journal "La tribune" le 24 février dernier, Volkswagen était même présenté comme " Le champion de la profitabilité" . Au prix de l’asphyxie financière de ses sous traitants ?

Ce dossier repose également la question du rôle de l’Etat, en tant qu’actionnaire de Renault, et de la possibilité d’étudier la relocalisation de certaines activités de production sur notre territoire.

Monsieur le Ministre, suite à votre échange avec les salariés de ce site, nous comptons beaucoup sur vous pour étudier des pistes nouvelles, courageuses, qui n’ont pas été explorées par le précédent gouvernement afin de sauver un outil de production ultra moderne et le savoir faire reconnu de ses personnels qualifiés.

Vous remerciant de l’intérêt que vous porterez à ce dossier, nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, à l’assurance de notre considération distinguée.

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