L’ambition pour l’école passe par un véritable système de pré-recrutements

Tribune parue dans le numéro d’Initiatives d’octobre 2012.

Les crédits supplémentaires pour la rentrée scolaire 2012 votés cet été lors
du collectif budgétaire sont les bienvenus, le précédent gouvernement ayant
programmé en cette rentrée 14000 nouvelles suppressions de postes, dont
12250 d’enseignants. En cinq années d’exercice, 70600 postes ont été supprimés
à l’Education nationale, dont 68000 d’enseignants.

Couplée à un désengagement systématique des missions de l’école républicaine, nous savons à quel point cette politique a déstructuré et dénaturé le service public de l’éducation, ses missions et sa visée, mais aussi bouleversé le métier des enseignants et de l’ensemble des personnels agissant à leurs côtés. Ces moyens supplémentaires, même s’ils ne concourent qu’à une augmentation relative du nombre des postes d’enseignant, sont à mettre à l’actif des exigences portées par les enseignants et les parents d’élèves. Un regret toutefois : que le gouvernement n’ait pas à cette occasion adressé un signal fort face à la crise aigüe de recrutement que connaît l’Education nationale.

En effet, les derniers résultats des concours sont venus confirmer l’assèchement du vivier d’enseignants qui a été accentué par la réforme de la mastérisation. Ainsi 1100 postes du second degré – budgétés en loi de finances initiale – n’ont pas été pourvus, c’est davantage qu’en 2011. Avec de faibles marges de manœuvre, notamment en moyens de remplacement, ces chiffres laissent craindre les plus grandes difficultés sur le terrain pour cette année scolaire, alors que 25000 élèves supplémentaires ont fait leur rentrée dans le secondaire. De plus, compte tenu des prévisions de départs en retraite ces prochaines années, les besoins à venir de recrutement seront considérables.

Le gouvernement en a pris la mesure puisqu’il a annoncé l’ouverture de 22100 postes au concours externes d’enseignants, remplaçant ainsi les départs en retraite. Parce que le métier d’enseignant est une des clefs d’accès à une réelle démocratisation des savoirs et donc de la réussite des élèves, il faut maintenant - ce que j’ai déjà proposé en juin dernier dans le rapport de la mission d’information sénatoriale sur le métier d’enseignant - mettre en place un véritable système de
pré-recrutements.

Piloté par la formation, il donnerait aux candidats retenus un statut particulier d’élève-enseignant, ouvrant notamment droit à des conditions de formation et d’encadrement renforcés, à une rémunération suffisante pour ne pas avoir à cumuler études et emploi. Pour l’instant, le gouvernement fait plutôt le choix d’un système d’aide sociale, via des emplois d’avenir professeur, pour accompagner des étudiants boursiers dans leur parcours vers ce métier. Ce dispositif, parce qu’il n’est pas en l’état piloté par la formation, ne correspond pas à de véritables pré-recrutements.

Ce n’est qu’un tout premier pas. Et il faudra donc, selon nous, que la prochaine loi d’orientation sur l’école mette en place un système ambitieux de pré-recrutements dont le métier d’enseignant et l’école ont besoin pour assurer la réussite de tous les élèves.

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