Suppressions d’emplois chez ARCELOR

par Evelyne Didier

Monsieur le Ministre,

Le groupe sidérurgique ARCELOR envisage de supprimer 600 emplois dans une unité de la filiale Sollac-Lorraine, implantée à Florange en Moselle. Cette décision s’inscrit dans la politique de réorganisation industrielle du groupe, marquée notamment par la volonté de réduire l’activité des sites continentaux au profit des sites maritimes. De même, chez Sollac-Atlantique, la direction a annoncé la suppression de presque 1 000 emplois sur des sites du Nord-Pas-de-Calais et dans l’Oise. Au total 1 600 postes en trois ans.

Arcelor avait déjà annoncé en début d’année la fermeture à l’horizon 2004-2010 de la filière à chaud de Sollac-Lorraine. Au total sur l’ensemble de la France cela représente au moins 2 700 postes d’ici à 2010.
Rappelons aussi la fermeture programmée de l’usine de Joeuf en Meurthe et Moselle, spécialisée dans la fabrication de tubes d’acier. C’est 160 emplois directs et 600 emplois en tout qui disparaîtront dans ce secteur.
A nouveau, le Nord et la Lorraine vont payer un lourd tribut à la recherche par les actionnaires de profits toujours plus importants au détriment de la population, des collectivités et des territoires.
Belle manière, si l’on peut dire, de fêter l’entrée du titre ARCELOR au CAC 40, en lieu et place d’Orange, la filiale de France-Télécom.

Même si le groupe nous garantit qu’aucun licenciement sec n’aura lieu, la perte d’emplois est effective. De plus, la perte de l’activité industrielle que cela engendre, ajoutée à toutes les autres fermetures et délocalisations annoncées, ne peuvent que développer l’inquiétude dans la population.

Le chômage augmente, la précarité aussi.
Pourtant, ARCELOR, depuis 25 ans, a reçu des dizaines de millions de Francs d’aides publiques, qui ont largement été utilisées pour accompagner les stratégies de rentabilisation financière forcenée de l’ensemble du groupe.

Aussi, Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous indiquer les mesures que vous comptez prendre face à la multiplication des plans sociaux en Lorraine en particulier, mais aussi en France d’une part et, face à la désindustrialisation croissante pour proposer une véritable politique industrielle pour la France d’autre part.

M. MER, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Il est exact que je connais bien ce sujet et que, plus généralement, l’industrie fait partie du champ de compétence de mon ministère.

Si, depuis vingt ans, Arcelor, qui entre- temps est devenue la première entreprise sidérurgique au monde, n’avait pas voulu ou pas su s’adapter, et si elle n’y avait pas été aidée, nous n’aurions plus, aujourd’hui, d’industrie sidérurgique en France. Elle doit continuer à s’adapter à une rude concurrence et, donc, diminuer ses coûts, optimiser ses localisations et encore investir, mais pas forcément dans les mêmes secteurs que par le passé.

Contrairement à ce que vous semblez croire, l’industrie française, dans une économie où les services sont de plus en plus prépondérants, ne recule pas en valeur ajoutée.

Notre politique sera donc de continuer à créer les conditions permettant le maximum d’initiatives économiques. Ces trois derniers mois, les créations d’entreprise ont augmenté de 10 % : ce n’est pas rien !

C’est la preuve que notre pays est attirant, dans un monde où la croissance revient au galop. Nous entendons donc continuer à créer des conditions attractives dans un monde de plus en plus compétitif, et nous favorisons la recherche et l’innovation afin de mettre sans cesse sur le marché de nouveaux produits et services.

Retour en haut