L’impasse de l’austérité

Les prévisions économiques catastrophiques que vient de publier la Commission européenne pour ses 27 membres, dont la France, confirment l’impasse des politiques d’austérité imposée dans toute l’Europe. Partout, comme en Italie, cet échec provoque des crises politiques et démocratiques croissantes. Continuer dans cette voie est une folie. Nous avions raison d’alerter quand nous refusions de ratifier le Pacte budgétaire européen en octobre dernier. Le gouvernement qui nous promettait la croissance se berçait d’illusions. Aujourd’hui, il assume les effets récessifs de cette politique en nous promettant cette même croissance pour plus tard. Qui peut y croire ?

Le plus inquiétant est que, loin d’en tirer les conséquences, la Commission de Bruxelles renforce ses recommandations d’austérité et de casse du Code du travail. Jusqu’à quand le gouvernement français, qui prétendait prendre la tête du combat pour la réorientation des politiques européennes va-t-il s’y plier ? C’est aujourd’hui la voie qu’il choisit avec l’ANI, la réforme des retraites, celle des allocations familiales. Le conseil européen des 14 et 15 mars s’enfonce dans ces choix. L’adoption d’un budget européen régressif est un signe inquiétant de plus. L’égoïsme l’emporte sur la relance et la solidarité. Ce projet de budget est inacceptable.

Il prépare sept années d’austérité et de recul économique au niveau européen, il abandonne toute idée de solidarité européenne, et il accroîtra de surcroît (selon les déclarations de la Commission européenne) le déficit de l’Union européenne en le portant de manière inédite à 250 milliards d’euros d’ici 2020, puisqu’une procédure budgétaire spécifique fait que les États reversent au final à l’Union européenne moins que ce à quoi ils s’engagent. Des réductions violentes se préparent sur la politique de cohésion et la politique agricole commune.

Les aides d’État en direction de l’agriculture, de la pêche, des entreprises et bientôt des collectivités territoriales, sont réglementés et pour la plus part prohibées par les dispositions des Traités européens établissant les règles du marché intérieur. Sans programmes européens financés à hauteur des besoins et des enjeux, c’est l’Europe libérale de l’ultra concurrence qui se trouve sanctuarisée. Les chefs d’États européens ont choisi de frapper les citoyens européens les plus démunis puisque le budget dédié à l’aide alimentaire qui avoisinait les 3,5 milliards d’euros sur la période 2007-2013, sera drastiquement réduit à 2,5 milliards d’euros pour les sept années à venir de 2014 à 2020 alors qu’il concernera désormais non plus 17 mais 28 États de l’UE. La solidarité est encore une fois sacrifiée sur l’autel de l’austérité budgétaire alors que le nombre de personnes qui vivent en deçà du seuil de pauvreté dans l’UE est passé de 18 à 25 % entre 2008 et 2012.

Nous appelons le Parlement européen à rejeter ce budget. En poursuivant dans cette voie, les dirigeants européens ouvrent un boulevard à toutes les populations et les égoïsmes. L’Union européenne est à un tournant. Notre combat est plus que jamais celui d’une réorientation radicale de l’Union européenne pour l’harmonisation sociale par le haut, la réorientation de la BCE, la construction d’une Europe des peuples, d’une Europe de la Justice, sociale, solidaire, écologique et démocratique.

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