Journée de solidarité sur les chaînes de l’audiovisuel public français après la fermeture définitive de l’organisme public « Radiophonie Télévision Hellénique » (ERT)

Messieurs les Présidents,

Ce mardi 11 juin, le Premier ministre grec, Monsieur Samaras, et son gouvernement, répondant à l’injonction de la « Troïka » de supprimer sans délais 2000 postes de fonctionnaires, ont annoncé la fermeture définitive de l’organisme public « Radiophonie Télévision Hellénique » (ERT). Le soir même, toutes les antennes télévisuelles et radiophoniques étaient coupées et les 2656 salariés de l’audiovisuel public grec licenciés brutalement.

Cette décision est scandaleuse, violente et autoritaire. Elle est une atteinte grave au pluralisme - seuls les média privés continuant d’émettre – et, plus fondamentalement, à la démocratie en Grèce. Jamais dans l’histoire du pays, même sous le régime dictatorial des Colonels, un tel coup de force n’a été opéré.

C’est une nouvelle humiliation infligée aux grecs, dans le contexte d’une crise sociale épouvantable liée aux politiques d’austérité. L’attaque anti-démocratique est tellement manifeste que seul le parti néonazi « Aube dorée » a soutenu cette mesure. Cette situation peut nous faire craindre le pire.

La vision des écrans noirs a choqué et suscité un émoi légitime dans le monde entier. En tant que Président du Parti de la gauche européenne, j’ai pu mesurer la colère, la peur, l’indignation des citoyens comme des professionnels en Grèce comme dans tous les pays européens.

La population grecque s’est regroupée immédiatement autour du siège d’ERT à Athènes et aujourd’hui même, les syndicats de travailleurs organisaient une grève générale. De nombreuses manifestations de solidarité ont lieu, depuis les rassemblements devant les ambassades de Grèce jusqu’à la diffusion, par la BBC, puis par l’Union européenne de radio-télévision, des programmes d’ERT.

La France et ses antennes publiques ne peuvent rester spectatrices de ce désastre au cœur même de l’Union européenne. Une seule exigence s’impose : la réouverture d’ERT. Je suis convaincu que notre pays et son audiovisuel public peuvent jouer un rôle important.
Je souhaite savoir si vous envisagez quelque initiative de solidarité. Je suis certain que toute action allant dans ce sens rencontrerait un soutien très large des citoyens français. Pour ma part, je vous fais une proposition : ne serait-il pas judicieux d’organiser une journée de solidarité sur les chaînes de l’audiovisuel public français et d’incruster sur les écrans de télévision le logo d’ERT afin d’organiser une « pression positive », marquer un acte de solidarité et d’informer les citoyens français ?

Je suis convaincu que les personnels de France Télévisions et Radio France, attachés à la liberté d’expression, au pluralisme des média et au service public, auront les ressorts créatifs nécessaires pour inventer des actions de solidarité pertinentes et percutantes.

Telles sont les idées que je souhaitais partager avec vous face à cette situation plus que préoccupante.

Recevez, messieurs les Présidents, l’expression de mes sentiments distingués.

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