Turquie : Michel Billout demande au gouvernement de retirer le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure

Lettre envoyée à Monsieur Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, le 21 juin 2013 réponse du Ministre téléchargeable en bas de page .

Monsieur le ministre,

La Turquie est secouée depuis plus de quinze jours par des manifestations antigouvernementales. Une partie importante de la population estime que le Premier ministre fait preuve de dérive autoritaire, qu’il souhaite islamiser la société et qu’il s’introduit dans la vie privée des citoyens de cette république, laïque depuis 1937. Le mouvement de protestation s’est heurté à l’intransigeance du gouvernement et à une répression policière d’une très grande violence.

Aujourd’hui le bilan est très lourd. Selon l’Union des Médecins Turque la répression des manifestations a fait quatre morts et plus de 7.700 blessés et ce à travers tout le pays. Parmi les blessés, on dénombre notamment dix personnes ayant perdu la vue. L’Union des Médecins Turques souligne notamment l’impact dangereux qu’ont eu les gaz utilisés contre les manifestants. Ces gaz auraient ainsi causés la mort de nombreux animaux.

Plusieurs centaines de manifestants ont été arrêtés lors de ces manifestations. Parmi eux se trouve Elisa COUVERT, étudiante française en sciences politique à Paris 8, présente à Istanbul pour rédiger un mémoire. Elle été arrêtée le 11 juin près de la place Taksim. Elle a été présentée à un juge samedi 15 juin et aucune charge n’a été retenue contre elle. Au lieu d’être libérée, notre compatriote a été placée en centre de rétention. Cette privation injuste de liberté n’est pas tolérable. En contact régulier avec le Consul de France sur place, Monsieur Hervé Magro, je n’ignore rien des efforts déployés par nos diplomates pour soutenir cette jeune fille. Je compte néanmoins sur votre intervention pour que notre compatriote recouvre sa liberté rapidement.

Mais au delà de ce cas, les atteintes aux droits de l’homme ne cesse de s’aggraver : depuis une semaine la police a procédé à des arrestations de militants politiques à leur domicile, au siège d’un journal et d’une agence de presse.

Tous ces nouveaux prionniers politiques attendent désormais leur jugement qui, en Turquie peut prendre de longue années, avec maintien en détention préventive.

Le parlement européen, le Conseil de l’Europe, la chancelière allemande ont protesté. En revanche je vous avoue, Monsieur le ministre, avoir trouvé le gouvernement français particulièrement discret.

Le gouvernement français pourrait envoyer un signe fort aux autorités turques en retirant le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure entre la France et la Turquie. Comment peut-on en effet soutenir une coopération policière sans prendre le risque de complicité avec un gouvernement qui ne respecte ni la démocratie, ni les droits de l’homme ?

Je vous remercie de l’attention que vous pourrez accorder à cette sollicitation et vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

Réponse du Ministre

Retour en haut