La politique du gouvernement creuse la fracture sociale

par Roland Muzeau

Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes chers Collègues,

4 millions de personnes tentent de survivre avec moins de 550 Euros par mois. Et au-delà, 10% de la population française est en très grande difficulté, n’accède pas aux droits, pourtant fondamentaux, que sont l’emploi, le logement, la santé.
La France compte 10% de chomeurs ; à peine un sur deux est indemnisé.
86 000 personnes fréquentent les structures d’hébergement d’urgence. Misère absolue, 200 000 personnes seraient sans domicile fixe. 30% d’entre elles auraient un emploi précaire.

L’extrême gravité des conditions de vie d’une partie croissante de nos concitoyens n’est pas une fatalité mais, le résultat de votre politique économique et sociale .
Le décalage est patent entre le discours du Président de la République, soucieux de « cette fracture sociale qui menace de s’élargir », affichant son « refus d’abandonner à elle-même une partie de la nation » et les choix du gouvernement « inspirés par des courants d’intolérance », créant des « inégalités supplémentaires » dixit Didier Robert, membre du Conseil Economique et Social.

Depuis septembre on assiste à une véritable avalanche de mesures régressives risquant, comme l’on dénoncé les associations, de « rejeter dans la précarité les plus fragiles ». Je vous rappelle les économies réalisées sur le dos des personnes âgées, des bénéficiaires de l’AAH, de la CMU, de l’AME.

Je vous rappelle également, les restrictions budgétaires sévères sur les budgets « sociaux », en l’occurrence sur les crédits du logement, en baisse de 8% .Ou le désengagement de l’Etat des dispositifs de traitement social du chômage.
Vous entendez encore réduire les dépenses publiques et ne cessez de désigner les personnes précarisées comme coupable d’être un fardeau pour la nation.
Après avoir durci les conditions d’indemnisation des chômeurs, réduit leurs droits à l’ASS, le gouvernement, avec le RMI-RMA, conditionne le versement d’une allocation à la reprise d’emploi. Et quel emploi !
Lutter contre l’exclusion, respecter l’égale dignité de tous les êtres humains, est un impératif national.

Ce gouvernement va-t-il enfin, comme le souhaitent les associations membres du collectif Alerte, placer l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion en tête de ses priorités nationales ?
Allez vous enfin, réorienter la politique de l’emploi, œuvrer pour construire des garanties collectives de protection contre les risques sociaux, au lieu de détricoter la solidarité nationale ?

Madame la Ministre, allez vous consentir à débattre dans sa globalité, de la question de l’exclusion sociale, sur la base du rapport d’évaluation de l’IGAS, comme le prévoyait la loi du 29 juillet 1998 ?

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