Situation de l’Hôpital de Coulommiers : Michel Billout écrit au directeur de l’agence régionale de Santé

Situation de l'Hôpital de Coulommiers : Michel Billout écrit au directeur de l'agence régionale de Santé (Cottonbro - https://www.pexels.com/fr-fr/@cottonbro)

Monsieur le directeur,

Je souhaite vous faire part de ma très grande inquiétude concernant la situation de l’hôpital de Coulommiers. Trois syndicats d’agents hospitaliers m’ont contacté après le dernier comité technique d’établissement (CTE) du 27 septembre 2013 pour me faire part d’un délitement de cet établissement, tant au niveau du dialogue social interne que de l’affaiblissement quantitatif de son offre de soin.

Je suis également très étonné de la dernière mesure imposée sans vote au CTE par la direction de cet établissement : la fermeture d’un service de médecine et de 30 lits, semble-t-il liée au départ de deux médecins pourtant très "appréciés et populaires" au dire des syndicats de l’établissement. Après les mesures prises de fermeture du bloc opératoire la nuit, cette fermeture affaiblit considérablement l’établissement (avec une perte annoncée par les syndicats de près de 400 000 € par mois) ainsi que la sécurité sanitaire d’un bassin de vie de 116 677 habitants, répartis sur 5 cantons regroupant 95 communes... Certes, une réouverture de 15 lits, sur les 30, a été annoncée récemment par la direction de l’hôpital, mais c’est bien une réouverture totale qui est aujourd’hui nécessaire.

Pour les organisations syndicales, le départ de ces médecins est symptomatique d’une situation particulièrement dégradée, qui se traduit par une démotivation grandissante des agents, cadres ou médecins. Un sous effectif chronique entraînerait ainsi un mal-être physique et psychique qu’ils jugent "inacceptable pour assurer la qualité des soins et le respect de la dignité des patients" et de dénoncer "des conditions de travail extrêmement dégradées, des personnels asphyxiés par un management gratuitement autoritaire, pour la plupart épuisés par les cadences de travail exigées et les perturbations parfois graves de leurs vies familiales, des entraves permanentes au fonctionnement des instances représentatives du personnel et du Conseil de Surveillance".

De grandes incertitudes planent sur l’avenir de cet hôpital : un nouveau bâtiment, destiné à accueillir une annexe du bâtiment de médecine est, par exemple, toujours en attente de réalisation : la direction de l’hôpital aurait provisionné, selon les syndicats, 17 millions d’€ pour les travaux. L’ARS aurait dû contribuer à hauteur de 500 000 € par an pendant 5 ans mais aucun versement n’a, semble-t-il, été effectué. De fait, depuis 5 ans, le projet est régulièrement repoussé et revu à la baisse. Un bloc opératoire a même disparu... A cela viennent s’ajouter la transformation du service réanimation en simple unité de soins continus qui exclut de fait un certain nombre d’interventions chirurgicales de l’hôpital, le manque de personnels dans les services qui a de multiples répercutions tant au niveau des agents que des patients.

Constatant que les hôpitaux de Meaux et Jossigny ne sont pas en situation de faire face à un afflux de patients provenant de Coulommiers, les personnels de cet hôpital s’inquiètent à juste titre de la situation sanitaire de ce bassin de vie et préconisent notamment la "réouverture immédiate des lits du pôle de médecine". Cela nécessite le recrutement de médecins et plus globalement le "réajustement des effectifs à hauteur des besoins réels, pour travailler dans de meilleures conditions afin de mieux soigner et respecter les malades", un plus grand respect des salariés, de leurs représentants et des assemblées délibérantes ou consultatives, une résorption de la précarité par la titularisation des CDD...

Dans ce contexte, je soutiens ces revendications ainsi que toute mesure de nature à permettre de réinstaurer, au sein de l’hôpital public, un dialogue social respectueux et constructif, un climat propice à la réalisation de ses missions de santé permettant une exécution permanente de soins de qualité, dans le respect de la dignité des patients.

Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à cette demande, je vous prie de croire, Monsieur le directeur, en l’expression de mes sentiments distingués.


Copie à :

Mme Marisol Touraine,
Ministre des affaires sociales et de la santé

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