Pénurie universitaire

Tribune parue dans le n°86 d’Initiatives.

La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) de 2007 et le passage aux responsabilités et compétences élargies de 2008, mises en place par le précédent gouvernement, ont placé les universités en situation de grande difficulté. L’autonomie accordée a essentiellement consisté en un transfert de la gestion de la pénurie budgétaire de l’Etat vers les universités, devenues vecteur d’application de la RGPP dans l’enseignement supérieur. Et ces dispositions n’ont pas été remises en cause par la loi relative à l’enseignement supérieur et la recherche adoptée par le Parlement l’été dernier, raison pour laquelle mon groupe avait voté contre ce texte. Nulle surprise donc que cette année encore, la rentrée universitaire soit très compliquée.

15 universités sur 76 sont en déficit ; les autres universités n’atteignent l’équilibre budgétaire qu’au prix de mesures d’économie aussi drastiques que dangereuses : diminution du fonds de roulement inférieur aux 30 jours réglementaires, gel des postes et non renouvellement des CDD qui aggravent la précarité dans un secteur qui y est déjà confronté de manière massive. Le gouvernement avance la création de 1000 postes par an, mais comment s’en féliciter quand ils ne compensent même pas le gel des emplois depuis 2008 et que 500 emplois gelés viennent s’y ajouter pour 2014 ? Comment y voir une avancée, alors que le budget 2014 ne finance toujours pas le glissement vieillesse technicité (GVT) qui augmente mécaniquement, chaque année, le coût de la masse salariale des établissements ? La situation est si grave que certaines universités devront utiliser l’argent de ces postes pour payer des frais de fonctionnement aussi élémentaires que le chauffage que la faiblesse des dotations de l’Etat ne permet plus d’assurer !

Du coup, les conditions d’études se dégradent pour les étudiants : des heures d’enseignements mutualisées ou supprimées ; des capacités d’accueil limitées ouvrant la voie à une sélection injuste ; des formations fermées, quand ce ne sont pas des sites entiers ! Quant au budget global de l’enseignement supérieur et de la recherche, il est cette année en diminution si l’on tient compte de l’inflation. Cette situation nous inquiète d’autant que cette même rentrée a vu la mise en place, non sans difficultés, des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé) chargées de former les enseignants et les conseillers d’éducation. Quid alors dans ce contexte, de la garantie des moyens qui leur seront accordés et du respect des nombreuses missions qui leur ont été assignées par la loi de refondation de l’école ? Nous le savons bien, il sera impossible de remédier à cette situation sans ruptures fondamentales ni moyens supplémentaires, et l’État doit assumer pleinement ses responsabilités pour la réussite de tous.

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