La demande de levée d’immunité de Serge Dassault ne devait pas être rejetée

Michelle Demessine, sénatrice du Nord, est membre du bureau du Sénat. Mercredi dernier, elle était donc au cœur de l’une des polémiques les plus spectaculaires de ces derniers jours : le vote sur la levée de l’immunité de Serge Dassault. Elle revient pour La voix du Nord sur les temps forts de cette semaine qui n’en a pas manqué…

Le vote du sénat sur l’immunité de Serge Dassault

« C’est une décision grave car la requête de la justice était présentée de manière claire et remarquablement argumentée, afin qu’on lui donne les meilleurs moyens pour la recherche de la vérité. Elle ne devait pas être rejetée. Cela donne l’impression que les parlementaires sont au-dessus des lois qu’ils ont votées eux-mêmes.

L’immunité a été créée dans l’histoire de la République afin que les parlementaires puissent mener leur mission en toute indépendance et à l’abri des complots, mais ils restent des citoyens comme les autres devant la justice.

Devant cet inexplicable résultat, les sénateurs communistes ont demandé la fin du vote secret sur la levée de l’immunité. Le président a donné son avis le lendemain. La justice va pouvoir présenter une nouvelle demande, qui aurait alors de meilleures chances… »

L’intervention française en Centrafrique

« La Centrafrique risque d’être un véritable guêpier pour la France, qui se pose beaucoup de question en y allant seule, même si c’est à la demande du gouvernement centrafricain (aujourd’hui démissionnaire) et avec l’aval de l’ONU. On a vu les risques importants et les limites d’une intervention de soi-disant courte durée par une ex-puissance coloniale, dans un pays déstabilisé et en butte à une guerre civile.

Le paradoxe et le scandale, c’est que cette mission, cette intervention militaire se fait également pour garantir la sécurité en Europe, et que les autres pays européens ne veulent pas y mettre les pieds. C’est donc la France qui défend la sécurité en Europe.

Afin de rétablir la paix et la sécurité, il faut vite la mise en place d’une mission sous l’égide de l’ONU, avec la participation des pays européens et des membres du conseil de sécurité. Mais il n’y aura de solution politique durable que si on met fin à la pauvreté en Afrique, au pillage des richesses, à la politique d’ajustement du FMI… »

La situation à La Redoute

« C’est une douche froide pour les salariés et pour l’économie métropolitaine. Il y aura deux fois plus d’emplois supprimés que prévu et deux fois moins d’effectifs. C’est dire l’ampleur de la catastrophe.

Ma colère vient du sentiment que François Pinault a baladé l’opinion publique, les salariés, les élus. On n’était pas dupe, mais c’est quand même très fort ! L’objectif était bien de masquer le plus possible le pillage de La Redoute qui a permis à Pinault de se lancer dans le grand luxe. Le sens de l’histoire, pour lui, est que l’argent attire l’argent. Que les riches aient de plus en plus de richesses, au point qu’ils ne savent plus comment les dépenser. Pour 315 M €, plus un euro symbolique, il se débarrasse d’un outil qu’il a démantibulé.

Les parlementaires communistes sont à l’origine d’une proposition de loi visant à interdire les licenciements boursiers. Jusqu’ici, il a toujours manqué des voix de gauche. Mais nous continuerons. »

La polémique Dieudonné

« Notre pays est dans une situation difficile. Chacun de nous peut constater autour de lui que le racisme ordinaire et l’antisémitisme gagnent du terrain. Cela appelle une réaction. Je ne sais pas si les développements juridico-médiatiques récents régleront le problème, parce qu’ils ont des aspects contre-productifs et posent la question des libertés. Mais il faut agir résolument. Quand la haine est installée, on ne peut plus faire appel à la raison et c’est un engrenage qui s’installe.

Quant à Dieudonné, qui est humoriste, il ne fait pas rire. Le plus grave est qu’il remplit des salles. Il faut se rappeler que la haine mène… à la barbarie. »

La Constitution tunisienne

« Beaucoup pensaient que la révolution de Jasmin était morte étouffée. Moi, j’ai apporté un soutien actif au peuple tunisien parce que je suis de ceux qui ne pouvaient accepter que ce mouvement populaire sombre dans l’obscurantisme. Grâce à sa résistance, le peuple tunisien est sur le chemin d’une nouvelle constitution, par laquelle les droits des femmes sont garantis, les élections libres et démocratiques peuvent être organisées, la laïcité peut être préservée. Mais il ne faut pas oublier que ce pays reste fragile économiquement. »

L’entretien sur le site de La voix du Nord

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