Relacher les prisonniers Palestiniens

Monsieur le Ministre,

La découverte des corps des trois jeunes colons israéliens enlevés dans le secteur du Gush Etzion sous contrôle israélien suscite une émotion légitime et je condamne cet assassinat que rien ne peut justifier.

Pas plus qu’il n’est possible de justifier les assassinats de 12 civils palestiniens perpétrés en représailles après l’enlèvement des jeunes colons.

Pas plus qu’il n’est possible d’avaliser les opérations de punition collective effectuées par Israël et qui se sont traduites ces derniers jours par des centaines de nouvelles arrestations dont celle du président du conseil législatif palestinien, de nombreux blessés, des saccages de locaux et des démolitions de maisons, des bombardements sur Gaza et le bouclage de toute la Cisjordanie.

Le silence d’une partie de la communauté internationale et de notre pays face à la l’ampleur des opérations menées à l’encontre la société palestinienne semble cependant donner caution aux autorités israéliennes pour briser l’entente nationale palestinienne récemment réalisée et écarter toute solution politique de paix.

La France qui s’est prononcée en faveur de la reconnaissance de la Palestine comme membre observateur à l’ONU et qui a condamné à de nombreuses reprises la colonisation des territoires palestiniens ne peut rester inerte devant la situation dramatique du peuple palestinien et la violation de ses droits au mépris des conventions internationales.

Je souhaitais, Monsieur le Ministre, attirer votre attention sur la situation des prisonniers politiques palestiniens - plus de 4700 détenus, 93 enfants dont 21 ont moins de 16 ans - et sur l’utilisation abusive de la rétention administrative qui permet à Israël de détenir une personne sans inculpation ni jugement pendant une période de 6 mois renouvelable. Cette pratique a amené plus de 250 prisonniers palestiniens à entamer depuis plusieurs semaines une grève de la faim.

Jusqu’où les prisonniers politiques palestiniens devront-ils aller, pour que les autorités internationales et en particulier les autorités européennes, agissent avec fermeté et somment Israël d’agir en conformité avec la législation internationale et de relâcher ces prisonniers qui sont maintenant en grand danger ?

Rien ne se fera sans une forte implication internationale et l’union européenne et la France ont un rôle à jouer pour établir le processus de paix et de stabilité au Proche Orient.

Monsieur le Ministre, la France peut sans aucun doute contribuer à convaincre ses partenaires européens qui condamnent déjà la politique de colonisation et de violation du droit international menée par le gouvernement israélien, de suspendre l’accord d’association entre l’Europe et Israël. L’article 2 de cet accord, à savoir « le respect des droits de l’homme et les principes démocratiques » l’y autorise. Et j’en appelle à votre autorité.

Dans l’attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

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