Pacte de responsabilité : la réponse de Michel Billout au texte pétition de la CGT

Pacte de responsabilité : la réponse de Michel Billout au texte pétition de la CGT (Josh Hild - https://www.pexels.com/fr-fr/@josh-hild-1270765)

Dans le cadre de la journée d’action pour la sauvegarde du système de protection sociale organisée ce jeudi 16 octobre, la cgt 77 a écrit aux parlementaires pour dénoncer notamment le pacte de responsabilité.

lettre en téléchargement ci dessous


La réponse de Michel Billout

Madame, monsieur

J’ai lu avec un grand intérêt votre texte pétition interpellant les acteurs politiques de Seine-et-Marne. Celui-ci était plus principalement axé sur la situation économique de notre pays et l’échec des politiques de l’emploi.

Je partage votre diagnostic : la France traverse une crise économique et sociale d’une rare violence. Elle génère une crise politique profonde, une crise de confiance à l’égard des élus, une crise de valeurs. Notre peuple subit depuis maintenant plus de 40 ans une précarisation croissante, une angoisse qui s’amplifie d’année en année face à l’avenir, des inégalités de richesses en constante progression.

Vous pointez les responsabilités des politiques : en effet, les promesses non tenues depuis des décennies, les vives déceptions après les grands espoirs de 1981, de 1997 et dans une autre mesure après le référendum de 2005, sont de toute évidence à la source de cette grave perte de confiance qui ouvre le chemin aux démagogues, dressant ceux qui souffrent les uns contre les autres, plutôt que les unir face aux puissances financières.

Le danger de la montée du Front national puise sa raison d’être dans ce terreau de déception, de colère, d’injustice. Le chômage est en constante progression, la croissance quasi nulle, la demande « agonisante », l’austérité bien présente et pourtant, les déficits sont à leur paroxysme. Mais, le gouvernement persiste ; 40 milliards du Pacte de responsabilité, 50 milliards de réduction des dépenses publiques supprimées donc 90 milliards au bénéfice des intérêts du capital. Et comme cela ne suffit pas, le chiffons rouge des 2 000 milliards de dette est désormais agité pour "semer la panique " dans l’opinion afin que les contribuables consentent, sans les approuver pour autant, aux nouvelles mesures d’austérité qu’on leur annonce.

Un collectif pour un audit citoyen de la dette publique s’est attelé à la tâche pour décortiquer cette dette, leur travail démontre que la dette de l’État représente 79 % de la dette publique. Or elle ne peut avoir été causée par un excès de dépenses puisque celles-ci n’ont augmenté que de 2 % ces 30 dernières années, en fait c’est surtout un déficit persistant de recettes qui explique le niveau de notre endettement.

Les exonérations fiscales et sociales accordées, aux grandes entreprises pour l’essentiel, sur cette période représentent un manque à gagner de 488 milliards d’euros.

On notera à ce propos une remarquable continuité depuis 14 ans, le total des mesures du gouvernement Jospin entre 2000 et 2002 a représenté 39,9 milliards, pour Chirac de 2006 à 2007 les sommes se chiffrent à 12,4 milliards. Enfin pour Nicolas Sarkozy on atteint le chiffre de 22,7 milliards. Il convient aussi de rappeler ici qu’une partie de notre dette provient du renflouement du système bancaire et financier au plus fort de la crise de 2008. La dette privée fut en quelque sorte nationalisée !

Enfin, n’oublions pas que les états sont tenus, depuis 40 ans, de se financer sur les marchés financiers et non plus auprès des banques centrales : ainsi les intérêts de 2 % versés aux marchés se montent à 589 milliards d’euros. Depuis 1980, on estime que l’évasion fiscale a coûté à notre pays 424 milliards d’euros.

Tout ceci me conduit régulièrement à dénoncer cette politique qui va à l’encontre du bien commun et ne sert que les intérêts d’une poignée de privilégiés.

En tant que sénateur/maire, je suis particulièrement attentif à la réforme territoriale en cours, qui reprend celle enclenchée par N. Sarkozy (pourtant combattue en son temps par le Parti socialiste) et organise la déstructuration de l’architecture républicaine de nos institutions.

Couplée avec la réduction drastique des moyens des collectivités territoriales, c’est une menace mortelle pour nos services publics et leurs salariés. La préservation des départements et des communes est une exigence politique et sociale majeure. Les sénateurs de mon groupe estiment indispensable de consulter le peuple sur un projet de cette ampleur. Je soutiens d’ailleurs un appel en ce sens sur notre département, dont vous trouverez une copie avec ce courrier.

Vous le savez, mon groupe parlementaire n’est pas membre de la majorité parlementaire, ce qui ne l’empêche pas d’œuvrer au rassemblement de tous ceux qui souhaitent construire une politique alternative à gauche. Nous considérons que cette construction est la meilleure, la seule garantie contre la reprise en main de tous les pouvoirs par la droite.

Je sais les combats que porte votre organisation contre ces politiques. L’heure est en effet venue de la construction d’une politique alternative à gauche qui s’inscrive dans le monde d’aujourd’hui.

Avec mes collègues du groupe CRC, nous apporterons notre soutien aux manifestants qui défendront, le 16 octobre prochain, des revendications et des propositions pour sortir de cette politique destructrice d’emplois.

En tant qu’élus, nous prendrons nos responsabilités et porterons dans notre action politique la nécessité d’un retour de la puissance publique pour contrer la dictature des marchés financiers et l’influence néfaste des agences de notation. Contre les surenchères austéritaires actuelles de la droite qui laisseraient à penser que le gouvernement actuel est un pis aller, nous refusons de baisser les bras.

Notre ambition reste d’agir pour la justice sociale, la défense des libertés et des droits fondamentaux. Cela se traduit, dans notre travail parlementaire, par l’association des organisations syndicales, des associations et des citoyens à notre travail législatif.

Espérant avoir répondu à vos préoccupations, je vous prie de croire, Madame, monsieur, en l’expression de mes sentiments distingués.

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