« Ils ont mérité d’être pauvres ! »

À force de promouvoir la pensée unique dans l’opinion avec le déploiement considérable des moyens de communication d’aujourd’hui, des dégâts considérables (jamais irréparables pour autant) sont constatés de nos jours dans les cerveaux des Français.

À ce propos un artiste m’a dit un jour qu’il considérait que « le cortex était atteint ». On peut prendre la mesure de la situation en lisant une étude récente du CREDOC qui nous apprend qu’il est une majorité de gens dans notre pays pour considérer en 2014 que les chômeurs n’ont pas d’emploi parce qu’ils n’en cherchent pas, que les minima sociaux les encouragent à rester chez eux, que les prestations sociales sont trop généreuses et qu’enfin il faut laisser les riches tranquilles...

Ce bilan était synthétisé dans cette formule un peu choc : pourquoi les Français adhèrent aux « salauds de pauvres » ? Cette étude est instructive dans la mesure où elle est menée depuis 35 ans. Alors que la pauvreté explose ces dernières années notamment, les auteurs de l’étude notent que « la solidarité envers les plus démunis n’apparaît plus comme une idée fédératrice de la société française ».

Alors on se dit que la République en a pris un sacré coup sur la tête et nous avec ! Ce séisme idéologique est spectaculaire et radical, et ce séisme s’est exprimé dans les urnes l’an dernier aux Municipales et aux Européennes, c’est comme si la campagne idéologique conservatrice de Nicolas Sarkozy prenait sa revanche quelques années plus tard...

Évidemment ceci nous oblige à évaluer la responsabilité des gouvernements en place depuis 2012. Au lieu de résister à cette offensive idéologique, cette véritable contre-révolution conservatrice, la « gauche de gouvernement », celle qui « prend en compte le réel » et qui ne se contente pas « d’incantations d’un autre temps », a validé par ses choix toutes ces idées, à force de renoncements cette « gauche réaliste » a abandonné son terrain et donc ses électeurs qui le lui font savoir à chaque occasion.

Et pourtant quel journaliste un peu critique osera énoncer cette vérité très terre à terre : si le chômage est passé en 40 ans de 1 million à 5 millions, ce n’est quand même pas parce que la France a fabriqué en deux générations 4 millions de fainéants ? Dès lors les fraudeurs (les vrais, les gros) doivent être poursuivis et condamnés sans ménagement ; qui peut oser confondre le malade et la maladie ? Le ministre du Travail, François Rebsamen peut-être...?

Au nom de la gauche qui persiste à imaginer un autre avenir, une bonne année 2015 à tous !