Refusons l’ouverture à la concurrence de la filière du sang

Refusons l'ouverture à la concurrence de la filière du sang - Etablissement français du sang (Cottonbro - https://www.pexels.com/fr-fr/@cottonbro)

Dictée par l’Union Européenne, et suite à la pression exercée par les lobbys pharmaceutiques, la France ouvre son marché des produits dérivés du sang à la concurrence. Ainsi, le laboratoire suisse Octapharma, après des mois de bataille juridique, obtient gain de cause : il pourra vendre en France des médicaments dérivés du sang.

Les conséquences pour l’EFS sont désastreuses : le site de Bordeaux cessera sa production de plasma SD au 31 janvier 2015, et, plus généralement, le besoin en sang étant réduit par l’importation de produits fabriqués à l’étranger, c’est toute l’organisation de la collecte qui se trouve remise en cause. 1 000 emplois seraient à terme menacés.
Au-delà de ces conséquences, terribles, sur l’emploi, l’ouverture à la concurrence est néfaste pour 3 raisons.

D’abord, pour une raison éthique. En France, 1,7 millions de personnes donnent leur sang chaque année, volontairement et bénévolement. C’est le fruit d’un long travail de sensibilisation mené par l’EFS et le tissu associatif. Or, les produits fabriqués par les laboratoires étrangers peuvent être issus de collectes de sang rémunérées. Ainsi, en France, sur le marché des médicaments dérivés du sang, déjà ouvert à la concurrence, on estime à 40% la part des produits issus d’un système marchand.

Ensuite, pour une raison de santé publique. L’EFS est soumis à des pratiques et des dispositifs de sécurité supérieurs à ce qui est en vigueur dans l’Union Européenne. De plus, les laboratoires étrangers fabriquent des produits en mélangeant du sang issu de différents pays, ce qui empêche d’assurer une bonne traçabilité.

Enfin, un problème de sécurité sanitaire. Alors que la France est actuellement en situation d’auto suffisance, et que les besoins dans le monde augmentent, l’EFS réduiraient son activité de collecte. La France deviendrait dépendante des importations étrangères.

Pour ces raisons, il est impératif d’adopter une position ferme vis-à-vis des laboratoires étrangers, et de réaffirmer, au niveau européen, la valeur de notre modèle de don de sang éthique. C’est aller dans le sens du progrès. L’Organisation Mondiale de la Santé ne vise-t-elle pas l’atteinte de 100% de dons éthiques dans le monde d’ici à 2020 ?

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