L’entente cordiale, c’est bien mais la défense de l’intérêt national aussi !

M. Manuel VALLS
Premier Ministre
Hôtel Matignon
57, rue de Varenne 75700 Paris

Monsieur le Premier Ministre,

Avec un taux de chômage record de 16,2% selon Pôle Emploi (en progression de plus de 15% en un an), la zone d’emploi de Calais est aujourd’hui sinistrée par le chômage et la précarité et compte parmi les 10 villes les plus pauvres de France.
Pourtant, les mauvaises nouvelles ne cessent de s’accumuler.

C’est d’abord la décision (interjetée en appel) de la Commission de la Concurrence Britannique qui confirme l’interdiction pour les navires de My Ferry Link de desservir le port de Douvres = 600 emplois directs et 400 indirects menacés. C’est la situation aussi de l’entreprise Desseilles (dentelle) qui estime que sans appui des banques ou d’autres partenaires financiers, il leur sera très compliqué voir impossible de s’en sortir. Une centaine d’emplois en jeu ici alors que le chiffre d’affaires 2014 (en hausse de 22% par rapport à 2013) montre que l’entreprise est rentable malgré un marché actuellement difficile et des besoins d’investissement.

C’est l’entreprise TIOXIDE, du groupe américain HUNTSMAN qui vient d’annoncer l’arrêt de la production de dioxyde de titane etsa. Seulement 100 salariés sur les 290 qui travaillent sur le site de Calais seraient conservés dans un premier temps mais c’est la pérennité du site qui est en fait menacée par la vente du brevet du pigment TR52, produit phare qui représente 40% de la production de l’usine calaisienne, sur injonction de la commission Européenne. Or cette dernière reste paradoxalement aux abonnés absents pour trancher le litige sur le transmanche entre les deux autorités de la concurrence (française et anglaise) et couper court à un scénario qui pourrait conduire à un quasi-monopole pour l’anglais P and O sur le trafic maritime transmanche !

L’entente cordiale, c’est bien mais la défense de l’intérêt national aussi ! Il me semble que votre gouvernement devrait intensifier au plus vite ses actions diplomatiques et juridiques, y compris au niveau européen, en n’hésitant pas à rappeler au gouvernement Britannique que sa frontière se situe à Calais alors même que ce pays ne fait pas partie de l’espace Schengen. Vous n’ignorez pas en effet l’état de la pression migratoire sur tout le territoire du Calaisis alors que les migrants souhaitent pour la plupart se rendre en Grande Bretagne.

La non-résolution des cas TIOXIDE et de My Ferry Link, conjuguée à la problématique de la pression migratoire, pourrait dangereusement mettre en cause le projet « Calais Port 2015 », évalué à plus de 800 millions d’euros et pour lequel une confirmation chiffrée de l’engagement de l’Etat est d’ailleurs toujours très attendue.

Compte tenu de cette situation exceptionnelle qui pourrait conduire y compris à une déflagration sociale et porter atteinte aux échanges légitimes entre nos deux pays, compte tenu de la situation dramatique de l’emploi sur le Calaisis et les nouvelles menaces de licenciement, je vous demande, Monsieur le Premier Ministre de bien vouloir me recevoir rapidement à la tête d’une délégation d’élus communistes.
Dans l’espoir d’une réponse favorable et rapide, veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

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