La loi Macron, vue de l’intérieur...

Chronique publiée dans Liberté Hebdo.

À l’évidence les débats en cours au Sénat sur ce projet de loi ne mobilisent pas beaucoup les sénateurs UMP, un peu ceux du centre, les socialistes sans plus... Et pourtant on aurait pu s’attendre à un engagement acharné de la nouvelle majorité sénatoriale sur un texte aussi vaste et diversifié que cette loi Macron, censée « libérer la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », cette situation un peu surprenante nous a bien sûr fait réfléchir.

Il faut d’abord se souvenir de la genèse de ce projet de loi qui s’inspire directement des 316 propositions de la commission Attali (qui n’a pas le couteau entre les dents), formulées dans un rapport commandé à l’intéressé par un certain Nicolas Sarkozy en 2008, cette commission « pour la libération de la croissance » avait comme rapporteur un certain... Emmanuel Macron. À ses côtés on trouve une ribambelle de grands patrons tel le PDG de Virgin Mobil, Geoffroy Roux de Bézieux, futur numéro 2 du MEDEF, on y rencontre aussi des économistes très marqués à droite, Christian de Boissieu ou Jacques Delpla. Leur credo commun au temple libéral c’est : à bas l’État ! Vive le marché ! Et vivent les dérèglementations en tous genres ! En fait, Monsieur Macron aux manettes au Sénat, eh bien il assure le service après-vente.

Et puis le jeudi 15 janvier dernier, dans les colonnes du très libéral quotidien « L’Opinion », une interview de Hervé Novelli -pour vous rafraîchir la mémoire, il était secrétaire d’État aux PME et au commerce du gouvernement Fillon-, nous apporte un éclairage assez stupéfiant, citons-en les termes : « La loi Macron contient des mesures que l’UMP aurait aimé prendre ». Mais dit donc René, j’pensais qu’y avait eu alternance en 2012... ?

M. Macron et ce gouvernement veulent élargir le travail du dimanche, sans doute pour permettre aux jeunes de devenir milliardaires, remettre en cause la justice prud’homale, privatiser les aéroports de Toulouse et de Nice, ouvrir les professions du droit (huissiers, notaires, greffiers...) à la logique du marché, droit et marché c’est comme la carpe et le lapin. Les membres de notre groupe CRC avec leurs collaborateurs se sont donc mobilisés fortement depuis plusieurs semaines, à l’instar de nos collègues de l’Assemblée nationale, contre le projet de loi en formulant des propositions alternatives à ce texte qui est bel et bien une offensive généralisée contre notre modèle social. La relance visée au fond c’est celle de la rentabilité du capital, encore et toujours.

La majorité sénatoriale sait que le boulot est fait sans leur aide finalement ;à quelques nuances près.Je vous le confirme,à aucun moment dans les débats en cours,nous n’avons entendu dans la bouche du ministre et de nos collègues du PS le mot "gauche",l’on considère en haut lieu que le débat doit être transversal et qu’il n’y a pas lieu de polémiquer sauf à vouloir adopter une "posture politicienne",c’est ce qui nous est dit souvent...

Après les débats parlementaires,le combat continuera de toute façon...

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