Une réforme qui n’est pas à la hauteur du besoin d’élévation du niveau de connaissances des élèves

Alors que ce 19 mai les enseignants, à l’appel d’une intersyndicale académique, sont en grève et manifestent contre la réforme du collège, l’audition programmée ce mardi au Sénat, à notre demande, de la Ministre de l’Education nationale sur cette réforme a finalement été reportée au 3 juin.

Alors que la droite s’est emparée du sujet, à l’instar de la réforme des rythmes scolaires, dans une démarche politicienne de reconquête du pouvoir, la réforme du collège n’est pas exempte de critiques.

La première est celle d’une réforme qui, loin de s’inscrire dans un mouvement progressiste, poursuit la logique engagée en 2005 avec la loi Fillon de diminution du temps des enseignements communs obligatoires.

Deuxième élément de critique : le flou entourant le cadrage des 20% de l’emploi du temps laissés à l’appréciation des établissements pour organiser les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) dont le contenu sera fixé par chaque établissement. Dans un contexte de baisse des dotations globales horaires dont se plaignent de très nombreux collèges et de mise en concurrence des établissements, les inquiétudes sont donc légitimes.

De plus, la question de l’interdisciplinarité ne peut être déconnectée de celle de la nécessaire formation des enseignants si l’on ne veut pas en rester à du bricolage. Et sur ce point, les moyens dévolus à la formation continue ne sont toujours pas à la hauteur.
Ainsi, la réponse donnée par cette nouvelle réforme est celle du « moins d’école » et du moins de savoirs communs, alors qu’il n’a jamais été aussi déterminant que l’ensemble des hommes et des femmes de demain, donc les élèves d’aujourd’hui, accèdent à des savoirs complexes dans une société où la nécessité d’une élévation du niveau de connaissances est indéniable.

Ainsi, le refus d’inscrire l’allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans, comme nous le proposons, maintient le collège dans un bloc « primaire-collège » toujours soumis à la pression de l’orientation. Question fondamentale qui n’est pas abordée, alors même que plus on oriente tôt plus on pénalise l’élève qui rencontre des difficultés à entrer dans les apprentissages. On continuera donc de sommer les plus en difficultés de choisir précocement leur avenir, alors qu’ils n’en ont ni les clefs ni le temps.

Tels sont les enjeux que devrait porter une réforme du collège inscrite dans un projet pour une école émancipatrice, fondée sur le principe que tous les élèves sont capables d’apprendre et de réussir.

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