Collège : une réforme sans ambition

Mardi 19 mai, les enseignants et parents d’élèves seront dans la rue pour dénoncer une réforme du collège au rabais. En effet, quand le collège français aurait dû être réformé avec ambition, pour lui rendre sa place de creuset universel de connaissances et de savoirs, la réforme du collège entreprise par le ministère de l’Éducation n’est qu’un paravent pour masquer la casse de l’éducation.

Sous couvert de lutter contre « l’élitisme » supposé de certains savoirs, et d’offrir la liberté de choix aux familles, la réforme conduira à casser des disciplines comme l’allemand, les langues régionales ou anciennes, tandis qu’au sein des disciplines, les programmes sont vidés de leurs contenus, les méthodes d’enseignement plus axées vers la communication que vers l’instruction.

Sous couvert de lutter contre l’ennui, c’est le métier, les compétences des professeurs qui sont attaqués. L’école a aussi vocation à être un lieu d’efforts, d’ennui, de répétition.

Sous couvert de préparer le collège de demain, ce sont les classements mondiaux, comme PISA, qui guident la réflexion du ministère, alors même que la valeur de ces classements est contestée. A terme, dans ce collège de demain, les élèves seront invités à s’inscrire dans une logique de marchandisation de la connaissance, choisissant « librement » les matières qui « servent pour travailler plus tard », tout en invitant les équipes pédagogiques à inventer des activités ludiques pour donner de la cohérence au contenu de ces « portefeuilles de compétences ». Malgré ses cris d’orfraie, c’est bien la droite qui a commencé l’ouvrage. Le gouvernement Valls le termine, sans s’attaquer aux causes profondes du mal : un taux d’encadrement en progression constante, alors qu’il diminue dans tous les pays de l’OCDE ; des inégalités sociales encore aggravées par l’inégalité scolaire.

Pour toutes ces raisons, je serai présent dans le cortège du 19 mai, et j’invite chacun à s’y rendre près de chez lui, pour dénoncer la casse de l’éducation de nos enfants, et soutenir les enseignants en lutte. La communication gouvernementale, si habile soit-elle, doit céder le pas à une véritable concertation avec les premiers concernés : enseignants, parents d’élèves, dans l’écoute et le respect de chacun. »

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