Dr. Mosco et Mr. Hill

Tribune parue dans Liberté Hebdo.

La semaine dernière les commissions des finances et des affaires européennes du Sénat recevaient conjointement en audition deux commissaires européens de l’équipe de J.C Juncker, Pierre Moscovici en charge des affaires économiques et Jonathan Hill qui s’occupe lui des services financiers. Ces rencontres avec les parlementaires français ont leur utilité mais font partie, c’est une impression, d’un plan de reconquête de l’opinion lancé par la Commission Européenne pour tenter de regagner la confiance des peuples et des opinions publiques dans les institutions de l’Union, à mon avis ce n’est pas gagné !

Pierre Moscovici nous indique d’emblée qu’il n’est pas venu donner la leçon au Parlement français, un ton qui tranche singulièrement avec les injonctions entendues depuis quelques mois à l’adresse de nos amis grecs par rapport aux réformes que l’on voudrait leur imposer. Ensuite un discours printanier, optimiste, sur les signes évidents de reprise économique qui tarde à se traduire sur le front de l’emploi et que par conséquent il convient de ne surtout pas relâcher les efforts engagés, suivez mon regard travailleurs... Je profite de cette rencontre pour interroger notre commissaire sur l’état des discussions menées entre fonctionnaires européens et américains sur le Traité Transatlantique (TAFTA), à l’abri du regard et des oreilles des peuples, Traité de libre-échange, qui pourrait notamment permettre à de grandes multinationales de faire un procès aux Etats dont certaines décisions viendraient à mettre en danger leurs profits, ça n’est pas rien ! A ce propos la transparence avance, en effet désormais les parlementaires européens peuvent accéder aux documents dans des « reading rooms » (salles de lecture), sans prise de note, sans copie à emporter et sans être accompagné d’un assistant ! Effectivement, ça avance !

Le lendemain nous rencontrons Jonathan Hill, le commissaire britannique, diplômé de Cambridge, Baron d’Oareford, ancien ministre de Cameron et surtout ancien financier, à la tête d’un cabinet de lobbying fondé en 1998 « Quiller Consultants » qui compte comme client la banque HSBC, bref un homme du sérail, défenseur fidèle des intérêts de la City qui représente à elle seule 40% de l’industrie financière de notre continent. Du très lourd.

J’interroge Mr. Jonathan Hill sur sa méthode pour se « protéger » de l’influence considérable du lobby financier à Bruxelles, le plus puissant, le plus nombreux et le plus efficace. Mr. Hill nous dit qu’il écoute aussi les autres lobbies, ONG, associations, syndicats... dans ces conditions nous voilà rassurés sur sa capacité à défendre l’intérêt général.

Un jour, un député britannique a rappelé à Mr Hill qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois !

Aura-t-il retenu cette phrase biblique ?

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