De Kerviel à la Société Générale, l’autre « affaire »...

De Kerviel à la Société Générale, l'autre « affaire »... - Finance folle (Aloïs Moubax - https://www.pexels.com/fr-fr/@aloismoubax)

Tribune parue dans Liberté Hebdo.

L’affaire a rebondi il y a quelques jours avec les déclarations d’une commandante de police, Nathalie Le Roy, qui avait mené l’enquête après la « découverte » des pratiques de Jérôme Kerviel au sein de la Société Générale.

Mme Le Roy parle clairement de dysfonctionnements graves rencontrés lors de ses enquêtes menées entre 2008 et 2012, elle déclare notamment avoir le sentiment d’avoir été instrumentalisée par la Société Générale. C’est par exemple la banque, dit-elle, qui lui indique les personnes qu’elle juge bon d’être entendues, elle dit aussi avoir la certitude désormais, après avoir eu quelques doutes, que la hiérarchie de J. Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier. Tous ces éléments font évidemment exploser la thèse développée par l’armée d’avocats de la Société Générale et doivent amener à une révision du procès de Kerviel.

Il ne s’agit pas du tout ici de blanchir le trader et ses pratiques dans le monde opaque de la finance folle. Kerviel était de ce monde-là, il ne l’a jamais nié, il en a vécu... ce qu’il conteste avec son avocat, c’est la thèse selon laquelle sa hiérarchie n’aurait pas été au courant de ses pratiques, il pouvait ainsi engager la bagatelle de 50 milliards d’euros en quelques clics, soit plus que les fonds propres de la banque. Aucun spécialiste du secteur n’y croit une seconde, et plusieurs de ses anciens collègues confirment que la direction savait et couvrait tant que les bénéfices étaient au rendez-vous (leur silence fut acheté avec sept années de salaire).

Nous sommes plusieurs parlementaires de sensibilités diverses, des députés Yann Galut (PS), Georges Fenech (UMP), Eric Alauzet (EELV), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Eva Joly (Eurodéputée EELV) et moi-même (PCF/Front de Gauche), un sextet improbable rassemblé à l’Assemblée Nationale le mercredi 27 mai dernier lors d’une conférence de presse pour demander la révision du procès et la mise en place d’une commission d’enquête. Il ne s’agit pas de sauver le trading et les traders mais d’obtenir que la Justice de la République puisse faire son travail contre la puissance d’une banque, et aussi de demander des comptes à l’Etat sur la ristourne fiscale de 1,7 milliards d’euros accordée à la Société Générale, sans expertise indépendante...

« Mon adversaire, c’est le monde de la finance... »

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