Vous soutenez des produits qui font 20 000 km avant d’atterrir dans nos assiettes

Publié le 8 février 2023 à 10:48 Mise à jour le 9 février 2023

Les syndicats paysans sont unanimes : difficile de savoir si nos agriculteurs pourront vivre de leur travail en 2023. Les crises montrent combien il est important de les protéger.

La hausse des intrants a été considérable en 2021 : 10 % pour les engrais, l’énergie, les lubrifiants, 11 % pour l’alimentation du bétail. Certes, il y avait un contexte, avec des aléas climatiques. Mais il y a aussi une inflation artificielle sur l’énergie provenant de la spéculation sur les marchés boursiers. Les profiteurs de crise, les traders, sévissent. Cette dépense a crû de 370 % entre 2021 et janvier 2022.

Là encore, un marché financier impose les lois de la spéculation à des gens qui veulent simplement vivre de leur travail : le Gouvernement le cautionne. Vous avez refusé de rétablir les tarifs réglementés de l’électricité pour les TPE et PME, dont les exploitations agricoles ; or passer de 42 euros à 280 euros le kilowattheure entre 2021 et 2023, voilà de quoi vous faire mettre la clé sous la porte !

Les agriculteurs vous attendent sur toutes ces questions lors de votre prochaine loi.

En un an, deux traités de libre-échange supplémentaires ont été conclus, avec le Chili et la Nouvelle-Zélande. Pas moins de 12 000 tonnes de viande bovine arriveront dans l’Union européenne, dopées à des substances interdites.

Ce qui attend les éleveurs, ce n’est pas la retraite - si vous leur en laissez une - , c’est le chômage à 50 ans. Vous défendez des importations venues du bout du monde. Assumez ! Vous soutenez des produits qui font 20 000 km avant d’atterrir dans nos assiettes.

La France assurait la présidence de l’Union européenne lors de la négociation avec la Nouvelle-Zélande ; elle s’est empressée de ratifier l’accord, trois semaines avant la fin du mandat du président Macron.

Ces accords sont antidémocratiques. Le Parlement n’y est même pas associé. Pas moins de 90 % du Ceta, l’Accord économique et commercial global, s’appliquent sur notre économie, sans que le Sénat se soit penché dessus. Voilà sept ans d’application, sans vote, sans bilan, sans recul, sans rien. Vous dites que c’est positif pour l’agriculture : je suis prêt à visiter avec vous une exploitation qui en profite, si vous en trouvez une...

Agriculteurs et agricultrices méritent mieux que ce mépris. Il est temps d’avoir un vrai débat sur votre politique agricole.

FabienGay

Sénateur de Seine-Saint-Denis
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