Rappelons que 90 % des Mahorais n’ont pas de toit, en pleine saison cyclonique. Dikeledi a encore aggravé la situation. Nous refusons que la précarité et la fragilité de l’habitat soient la norme à Mayotte.
Là-bas, les familles manquent de tout - d’eau, de nourriture, d’énergie, de soins. Mayotte se sent complètement abandonnée.
Je salue et remercie toutes les initiatives de solidarité. Au nom de mon groupe, j’assure de notre soutien les proches des victimes, les sinistrés et ceux qui leur portent secours.
Ce texte, en dépit de son nom, ne répond pas à l’urgence, car sur le terrain, c’est le provisoire qui prévaut, renforçant le sentiment d’abandon.
En réalité, il pose le cadre de la reconstruction, en adaptant les normes aux réalités climatiques. Il faut construire un nouvel aménagement, plus durable, avec des services publics dimensionnés aux besoins de la population.
Au vu des besoins immenses, le groupe CRCE-K votera ce texte, malgré nos inquiétudes.
Aux antipodes des opérations de destruction et d’expulsion des bidonvilles menées par M. Darmanin, nous demandons le relogement durable de toutes les personnes présentes dans le département, qu’elles aient ou non des papiers. Conditionner l’achat de tôles à la présentation d’une pièce d’identité est discriminatoire. Je pense aux sans-papiers jetés à la rue, aux victimes du cyclone qui n’ont pas été comptabilisées. Monsieur le ministre, nous ne vous lâcherons pas avant de connaître le nombre exact de disparus.
L’urgence est à la reconstruction. Mais Chido n’est pas responsable de tout : la pauvreté touche 84 % des Mahorais et le taux de chômage atteint des niveaux records. Mayotte est le département de l’injustice sociale et des promesses non tenues. Le Smic horaire est à 8,98 euros, contre 11,98 euros au niveau national ; le RSA y est inférieur de 50 % ! Le droit constitutionnel à l’instruction est loin d’être garanti : la plupart des élèves ont cours sur des demi-journées, par rotation. Quand l’État s’attaquera-t-il à la déscolarisation, dans ce territoire où 55 % de la population a moins de 20 ans ?
Prenons conscience des injustices que subissent les Mahorais. L’urgence, c’est aussi l’égalité sociale et l’égalité des chances.
Certes, il faut agir vite, mais nous n’accepterons pas des reconstructions à l’identique bâclées ou au rabais, sous peine de voir des catastrophes de ce type se reproduire.