Chlordécone : une injustice de plus de 30 ans

Indemniser les victimes du chlordécone

Publié le 12 juin 2025 à 19:08

Combien de textes faudra-t-il encore pour reconnaître une injustice de plus de trente ans et en indemniser les victimes ?

Ce texte vient deux mois après la proposition de loi Théophile, et trente-deux ans après le retrait réel du produit en Guadeloupe et en Martinique - trois ans après le reste du territoire français.

Ce scandale illustre les choix politiques qui privilégient l’économie et les profits de quelques-uns au détriment de la santé de tous. Nos compatriotes des Antilles ont subi la prolongation d’autorisation de vente d’un produit jugé cancérogène probable par l’OMS quinze ans plus tôt. Le chlordécone a tué le charançon du bananier, mais il a aussi provoqué des cancers de la prostate, qui tuent huit mille personnes chaque année.

Ils demandent justice. L’État savait. Les États-Unis ont interdit le chlordécone dès 1977, avant même la reconnaissance de sa toxicité par l’OMS en 1979. Comment l’État français peut-il affirmer qu’il en ignorait les dangers ?

Nous voulons des études approfondies, notamment sur les conséquences de ce poison sur la santé des femmes et celle des sols.

Son utilisation a eu des conséquences sanitaires, y compris un préjudice moral d’anxiété qui, bien que non reconnu, est réel. C’était le coeur du débat d’avril dernier. Plus de 90 % de la population est contaminée et vit dans la peur de consommer certains aliments ou de tomber gravement malade.

Entendre qu’il ne faut pas faire d’exception, que le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) suffit n’est pas acceptable ! Ce fonds, sous-doté, est sous-employé : seulement 154 dossiers validés. Pourquoi ne pas créer un fonds dédié, plus lisible, qui réponde à l’objectif d’indemnisation que nous devons inscrire dans la loi ?

Si l’État n’était pas le seul responsable, comme le sous-entend la modification introduite en commission, pourquoi revenir sur la nouvelle taxe assise sur les industries phytosanitaires ? Les industriels qui vendent du poison doivent indemniser les personnes empoisonnées.

J’espère que notre hémicycle aura le courage d’avancer sur ce sujet grave, dans la continuité de l’Assemblée nationale qui a adopté ce texte il y a plus d’un an.

ÉvelyneCorbière Naminzo

Sénatrice de La Réunion
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