La santé financière des universités s’en serait selon elle trouvée menacée. Mme Retailleau estimait, dès 2024, qu’il manquait 300 millions d’euros de crédits et 250 emplois pour tenir la trajectoire de la LPR.
Son successeur a aggravé cette tendance, en diminuant le budget, tout en estimant qu’il y aurait moins d’universités en difficulté en 2024 qu’en 2023. Ce n’est pas en cassant le baromètre que l’on arrête la tempête. Nous devons aux universités de reconnaître leur situation budgétaire difficile et les efforts qu’elles font pour maintenir des conditions d’étude acceptables.
Je pense à l’université de Nanterre. Pour 2025, les mesures Guerini représenteront une charge supplémentaire de 2,6 millions d’euros ; le coût du glissement vieillesse technicité (GVT) serait de 600 000 euros ; la charge du CAS « Pensions » passerait à 3 millions d’euros et l’augmentation d’un coût des fluides à 4 milliards d’euros. Au total, 7 millions d’euros de charges supplémentaires ! Avec une masse salariale qui représente 88 % du budget et un taux d’encadrement parmi les plus faibles de France, il n’y a aucune marge de manoeuvre. Le fonds de roulement est à zéro ! Sans augmentation de sa subvention pour charges de service public (SCSP), l’université aura à diminuer le nombre d’étudiants ou à augmenter ses frais d’inscription.
Ce n’est pas un cas isolé. Sa situation précaire est celle de nombreuses universités. Considérer que cette dégradation est sans conséquence sur la formation des étudiants serait coupable. Le taux de réussite de nos universités baisse ; le nombre de docteurs formés par l’université ne cesse de diminuer. Le rapport Draghi a montré que l’Europe souffrait d’une pénurie de compétences qui réduit ses capacités d’innovation et de recherche.
La part du PIB consacrée à la recherche est de 2,22 % du PIB en 2022, contre 2,19 % en 2023. Le volume de recherche des entreprises a baissé de 1,3 % sur la même période. La science française connaît un déclassement - situation aggravée par les politiques menées par le Gouvernement et ses prédécesseurs. A contrario, le gouvernement britannique consacre 24 milliards d’euros à la recherche et l’innovation, dont 6 milliards d’euros pour la recherche fondamentale.
L’université et la recherche ne sont pas des charges financières que l’on peut réduire sans conséquence pour l’avenir de notre pays et de notre jeunesse. La République doit se réconcilier avec ses savants. C’est dans la science et la connaissance qu’elle trouvera les ressources pour surmonter les crises qui la menacent.