Le modèle économique actuel est surfinanciarisé et à bout de souffle. Dépendance excessive aux droits télévisuels, gouvernance fragmentée et opaque, inégalités croissantes entre clubs, piratage massif : autant de difficultés auxquelles ce texte apporte des réponses utiles.
Avec le souci d’une meilleure justice entre clubs, l’article 7 plafonne les écarts de répartition des droits audiovisuels, faisant de l’équité sportive la condition de la viabilité économique. Le mythe d’une locomotive tirant les autres clubs vers le haut n’a que trop vécu.
L’encadrement des rémunérations, les obligations déclaratives auprès de la HATVP, le contrôle de la Cour des comptes sur les ligues permettront de sortir des conflits d’intérêts et du manque de contrôle qui ont trop longtemps gangrené le secteur.
L’article 3 renforce - timidement - la place des supporters dans la gouvernance du sport professionnel : c’est un premier pas. Je regrette toutefois que l’on s’en tienne à un avis purement consultatif de l’Instance nationale du supportérisme (INS), car c’est la dimension populaire du sport qui se joue ici.
Nous saluons l’article 10, qui permet de bloquer les contenus illégaux en temps réel. Le piratage prospère sur un terreau fertile : scandale Mediapro, changement régulier d’opérateur... Le coût mensuel de l’abonnement est un frein pour de nombreux foyers. Ces logiques à court terme n’ont fait que dévaloriser le produit. Là où il était possible de faire grandir le football français, ces choix l’ont en fait affaibli. Sans être un doux rêveur, je crois qu’il existe une voie pour mieux réguler les dérives du football professionnel mais aussi renforcer son caractère populaire.
Ce texte ne réglera pas tout. Depuis les décrets Pasqua de 1995, le football, désormais détenu par des fonds d’investissement, est devenu un objet économique mondialisé. La multipropriété posera des problèmes sportifs, économiques, mais aussi moraux. Au-delà de la concurrence déloyale, comment accepter qu’un club se fasse dépouiller jusqu’à son âme au nom de la multipropriété ?
Nous voterons ce texte, en plaidant pour renforcer la dimension populaire du sport, ce qui implique aussi d’agir sur le prix des places. Le sport doit rester un bien précieux et universel !