Ce n’est pas l’ambition de cette proposition de loi, qui s’attaque aux normes. Certes, on peut critiquer les excès de paperasserie et de bureaucratie ; il est certainement possible de simplifier la vie sans aggraver la précarité ou les insécurités ni sacrifier la vie sur la planète.
Mais certaines diatribes que nous entendons cet après-midi ont un autre objectif, reconnu par une personnalité devenue très célèbre aux États-Unis : garantir la totale liberté du capital. Nous assistons à un détournement de la colère paysanne, de la revendication de prix planchers vers des mots d’ordre contre les normes. Dans un gigantesque tête-à-queue confusionniste, certains commandos syndicaux se sont attaqués à l’Inrae, à l’OFB et jusqu’à la Mutualité sociale agricole (MSA), la sécurité sociale des paysans.
Dans les Côtes-d’Armor, nous sommes fiers d’accueillir, à Saint-Brieuc, un grand campus de recherche agronomique, le plus grand en Europe dans ce domaine. Je salue le millier de chercheurs qui y travaillent, partageant leurs connaissances et faisant des préconisations sur de multiples sujets. Ils mettent au point des vaccins, de nouvelles méthodes. Ils ne sont pas un problème, mais trouvent des solutions pour nos agriculteurs !
Quand j’entends qu’on s’attaque frontalement à l’Anses, je suis assez consterné. Il est anachronique de placer sous tutelle ministérielle les avis scientifiques de cette agence ! Tant que vous y êtes, donnez au ministre de la santé une tutelle sur les ordonnances des médecins... Au reste, une telle mesure ne facilitera pas notre crédibilité à l’export.
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il y a un lien établi entre les pesticides et six maladies graves. Nous avons besoin d’une autorité indépendante pour homologuer les produits. N’anéantissons pas toutes les régulations avec la tronçonneuse de M. Milei.
Ce n’est pas cette proposition de loi qui résoudra les problèmes du cheptel breton, qui perd 120 vaches par jour depuis un an, ni ceux des filières volailles et porcs, dont la production est en chute de 8 et 10 %. Nous nous y opposerons, car, à la tronçonneuse, nous préférons le bien commun. Il y va de la survie de l’humanité.