"Certains se gavent, tandis que d’autres triment"

Vie chère dans les outre-mer

Publié le 29 octobre 2025 à 09:35

Toujours les mêmes discours, les mêmes promesses de s’attaquer à la vie chère outre-mer. Or les constats demeurent : des prix plus élevés de 30 à 70 %, une concentration entre quelques grands groupes d’import-distribution, une dépendance logistique structurelle.

Les crises sociales se succèdent, se ressemblent, tout comme les vaines réponses des pouvoirs publics. Certains se gavent, tandis que d’autres triment.

Rien sur les revenus, les bas salaires ou la prime d’activité ultramarine, alors que les revenus médians en outre-mer sont inférieurs de 40 % à ceux de l’Hexagone. Faut-il abandonner l’idée de vivre dignement de son travail ? Quid du coût du logement, souvent le premier poste de dépense ? De plus en plus de familles doivent choisir entre se loger et se nourrir.

Où sont les mesures pour soutenir le tissu économique, alors que le taux de défaillance de nos TPE-PME explose, tandis que les syndicats dénoncent les situations de monopole ?

En réalité, les effets de ce texte seront limités. Si les constats sont justes, les réponses ne sont pas à la hauteur. Ce texte ne rompt avec aucune logique, aucun rapport de force. Il ne touche pas aux causes structurelles. Derrière les chiffres se cache un système hérité d’un autre âge où une poignée - les mêmes depuis 50 ans - contrôlent tout. Bref, une économie de comptoir, un héritage colonial !

En Martinique, le groupe Bernard Hayot (GBH) détient plus de 60 % du commerce alimentaire et non alimentaire. À La Réunion, depuis le rachat de Vindémia, GBH et Leclerc contrôlent près de 70 % du marché de la grande distribution. En Guadeloupe, trois entreprises se partagent 90 % des importations de produits de première nécessité. Tant qu’on ne touchera pas à cette rente de situation, on ne réglera rien.

Que dire des centrales d’achat installées à l’étranger et utilisées par les distributeurs pour cacher leurs marges ? Cela représente 20 à 30 % des surcoûts ! Ce texte veut renforcer la transparence. C’est louable, mais les observatoires n’ont pas les moyens pour agir. La DGCCRF ne compte que deux agents pour tout un département !

Le BQP est certes renforcé, mais reste centré sur les produits, sans véritable stratégie de soutien à la production locale ni évaluation.

De belles intentions, mais sans outils, sans contraintes, sans volonté de bousculer les oligopoles. Ce texte ne rompt avec rien, il conforte un modèle d’économie de rente, de comptoir. Or la vie chère n’est pas une abstraction : c’est une mère qui paye le lait et les yaourts deux fois plus cher à La Réunion que dans l’Hexagone.

Nous pourrons vraiment agir contre la vie chère en outre-mer quand nous voterons dans le PLF les amendements déclarés irrecevables aujourd’hui. Le groupe CRCE-K s’abstiendra sur ce projet de loi.

ÉvelyneCorbière Naminzo

Sénatrice de La Réunion
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De belles intentions, mais sans outils, sans contraintes, sans volonté de bousculer les oligopoles. Ce texte ne rompt avec rien, il conforte un modèle d'économie de rente, de comptoir. Or la vie chère n'est pas une abstraction : c'est une mère qui paye le lait et les yaourts deux fois plus cher à La Réunion que dans l'Hexagone.

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