Pendant que d’autres planifient et protègent, la France choisit la passivité. ArcelorMittal joue avec notre outil industriel comme on déplace des pions sur un échiquier. Présidents et ministres se succèdent, oubliant que derrière les restructurations, les rationalisations et les plans sociaux, il y a des visages : ceux de Dunkerque, Gandrange, Hayange, Florange et Denain, entre autres.
ArcelorMittal dispose de 17,6 milliards de fonds propres. Entre 2021 et 2024, le groupe a réalisé 32,6 milliards d’euros de bénéfices et versé 13,2 milliards à ses actionnaires. Pourtant, il a reçu 392 millions d’euros d’aides publiques en France en 2023, tout en se livrant à un chantage permanent à l’emploi.
Cette situation est le produit d’un modèle servant à enrichir les actionnaires. Le rapport de la commission d’enquête du Sénat en témoigne : 211 milliards d’euros sont distribués chaque année aux entreprises sans contreparties ni contrôle.
L’argent existe, mais il nourrit la rente et crée des déserts économiques et sociaux. L’État verse des aides qui soutiennent la casse de notre outil productif et accepte que des secteurs stratégiques soient soumis aux groupes privés. Quelle est la vie des jeunes dans la vallée de la Fensch ? Qui agit contre le déracinement ou le kilométrage à rallonge pour accéder à l’emploi après avoir versé une larme à la lecture de Nicolas Mathieu ?
La sidérurgie française est à un carrefour historique : disparition ou renaissance grâce à une vision publique alliant écologie, indépendance nationale et intérêts sociaux. La nationalisation n’est pas un retour en arrière, mais une réponse adaptée aux défis du XXIe siècle. Décarboner sans désindustrialiser, innover sans dépendre : tels sont les défis à relever pour que la France reste une nation industrielle.