Souveraineté agricole : lever la contrainte de la mondialisation

Loi d'orientation agricole

Publié le 5 février 2025 à 10:25 Mise à jour le 6 février 2025

Les lois d’orientation sont élaborées pour répondre aux défis spécifiques d’un secteur. Ce texte contribuera-t-il à aider nos territoires à répondre aux demandes alimentaires de demain ?

La décarbonation, condition pour pérenniser une agriculture nourricière et répondre aux défis climatiques, sera-t-elle encouragée ? Le renouvellement des générations sera-t-il soutenu ? Peut-il s’envisager sans traiter la question du foncier ? Cette dernière est peu abordée dans ce texte, or elle est centrale, et la Safer pourrait jouer un rôle déterminant.

Comme l’a titré récemment un grand hebdomadaire agricole, un montage sociétaire a franchi le Rubicon en installant dans une exploitation agricole un « régisseur », dont le métier ne sera pas celui de paysan. Jadis, chez nous en Bretagne, il n’y avait de régisseur que celui qui régissait le domaine du château.

En matière de répartition des terres, il y aurait lieu de faciliter les échanges de foncier. Ces questions sont centrales, plus encore en Bretagne, région d’élevage. Or l’élevage est en souffrance.

Cette loi d’orientation agricole comporte des dispositions spécifiques pour répondre ponctuellement à certaines situations. Les amendements y contribueront, je n’en doute pas, mais la principale faiblesse de ce texte réside dans le fait que nous n’abordons pas le sujet de fond.

L’agriculture, nourricière, est vitale pour l’humanité. L’avoir versée dans la mondialisation conduit à des pertes de souveraineté, car, quoi que l’on fasse, le poulet brésilien sera toujours moins cher à produire que chez nous. Ceci devrait nous inciter à chercher de nouveaux dispositifs.

Si les normes et contrôles tatillons exacerbent les mécontentements, la chute de nos productions et les départs non compensés ont pour cause le manque de rémunération du travail paysan.

Ce n’est pas en renonçant à l’agroécologie que nous garantirons un avenir pour l’agriculture.

La loi de modernisation de l’économie a privilégié l’aval à l’amont, la distribution à la production. Or la question de fond devrait être celle du retour de la valeur ajoutée à la ferme. C’est cette course effrénée tirant les prix vers le bas qu’il faut remettre en cause, dans cet univers mondialisé que Mme la ministre a comparé à la tectonique des plaques.

Les éléments sur la transition agroécologique et l’adaptation au changement climatique ont disparu du texte, alors qu’ils sont déterminants. La place accordée à la juste rémunération des agriculteurs, déjà faible, a été encore réduite. L’ambition de renouvellement des générations est considérablement amoindrie.

S’agissant de la souveraineté alimentaire, il aurait fallu faire référence à la pêche. Nous comptons 12 458 marins-pêcheurs, dont 9 300 en métropole et 3 000 en outre-mer. Breton, j’ai une pensée pour eux.

En l’état, ce texte ne permettra pas ni de lutter contre l’effondrement du nombre d’exploitations ni de préparer correctement les agriculteurs de demain. Il aura au contraire des conséquences en cascade qui accroissent la vulnérabilité du secteur.

Nous souhaitons un infléchissement sérieux du texte et ne l’adopterons pas en l’état.

GérardLahellec

Sénateur des Côtes-d'Armor
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La loi de modernisation de l'économie a privilégié l'aval à l'amont, la distribution à la production. Or la question de fond devrait être celle du retour de la valeur ajoutée à la ferme. C'est cette course effrénée tirant les prix vers le bas qu'il faut remettre en cause, dans cet univers mondialisé que Mme la ministre a comparé à la tectonique des plaques.

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