Deux mois après Chido, dix mois après les émeutes en Nouvelle-Calédonie, la solidarité peine à venir et l’urgence est toujours là. Près de 90 % des Mahorais sont sans toit, en pleine saison cyclonique. Ils manquent de tout. Logements détruits, accès difficile à l’eau, à la nourriture, à l’énergie, aux soins. Nous ne pouvons abandonner Mayotte, il faut agir vite et de façon durable.
Je rends hommage à tous ceux qui ont fait preuve de solidarité envers les Mahorais. Nous adressons nos condoléances aux proches des victimes et notre soutien aux sinistrés.
Il faudra faire beaucoup mieux qu’avant Chido. Il ne suffira pas d’expulser massivement des bidonvilles, comme a pu le faire l’ancien ministre de l’intérieur, ou de conditionner l’achat de tôle à une carte d’identité française, comme le prévoit ce texte. Non, pour reconstruire de façon durable, il faudra construire des centaines de milliers de logements pour les personnes qui peuplent les bidonvilles, qu’elles possèdent ou non des papiers. La dignité humaine vaut pour tout le monde.
Avant le cyclone, plus d’un tiers des logements étaient des habitations de fortune. La pauvreté touche 84 % des Mahorais, le taux de chômage atteint 37 %. Dans ce territoire de seconde zone, le Smic est de 8,98 euros, les prestations sociales très en deçà de celles de l’Hexagone. Les établissements scolaires ne sont pas adaptés aux besoins : les élèves ont cours par rotation, sur des demi-journées. C’est grave, alors que plus de 55 % de la population a moins de 20 ans.
Il revient au Sénat de ne pas tomber dans le piège de la division et de garantir la dignité à tous. En tant que Kanak, je ne connais que trop le mépris et l’ignorance de l’Hexagone ; mon peuple a payé un lourd tribut.
Ce drame est l’occasion de reconstruire Mayotte sur des bases solides et égalitaires. Ne souillons pas cet espoir par de la xénophobie stérile. Réparons le passé et préparons l’avenir.
Malgré ses insuffisances, nous voterons ce texte.