"Pour garantir notre souveraineté, nous devons produire localement"

Débat sur la nationalisation d'ArcelorMittal

Publié le 31 octobre 2025 à 10:04

Mme Cathy Apourceau-Poly . - Je viens d’une belle région industrielle, le Pas-de-Calais. Après la fermeture des mines, nous avons eu de nouvelles industries. Metaleurop : 800 salariés, virés du jour au lendemain. Synthexim, Meccano, Bridgestone : idem.

C’est pourquoi cette proposition de loi a du sens. J’avais proposé de nationaliser Synthexim, mais l’État s’y est toujours refusé. Résultat : des milliers d’emplois perdus dans le département, des reconversions promises mais qui ont laissé des milliers de familles sur le carreau.

Aujourd’hui, si nous laissons faire, si nous ne nationalisons pas, ArcelorMittal finira dans le même état que les entreprises que j’ai citées. Nous avons une responsabilité.

Monsieur Hochart, le discours que vous tenez ici est bien différent de celui que vous tenez aux salariés dans les tracts du RN !

M. Pierre Barros . - Ce débat renvoie à une histoire, à un positionnement stratégique. Quelle politique industrielle aujourd’hui en France ? Alsthom, devenu Alsthom Atlantique puis Alstom, était un fleuron qui faisait la fierté de la France : turboalternateurs, centrales nucléaires, barrages hydrauliques. Cette histoire s’est arrêtée dans les années 2010, quand un certain ministre a bradé l’entreprise à General Electric. La politique industrielle de la France, c’est l’abandon d’une histoire industrielle, l’abandon des hommes et des femmes qui ont fait l’honneur et la richesse du pays.

On a fait le choix du tout-tertiaire, avec la Chine et l’Inde pour grand atelier. Les résultats, en termes de dumping environnemental et social, sont édifiants. Pour garantir notre souveraineté, nous devons produire localement. C’est un choix politique.

Mme Silvana Silvani . - Monsieur le rapporteur, vous estimez le coût de la nationalisation entre un et quelques milliards d’euros. Ce ne me semble pas être un gouffre insurmontable.

Monsieur le ministre, vous avez proposé des aides supplémentaires pour soutenir la compétitivité. Mais des aides ne suffiront pas, vu l’état de nos entreprises !

Une collègue appelle à investir ? C’est déjà le cas. Mais il y a des cas où des investisseurs nous mènent par le bout du nez : l’État consent des aides, mais il n’y a aucune contrepartie !

Quel est le projet de réindustrialisation de la France ? Ce qui est sûr, c’est qu’on n’en voit pas les résultats depuis 2017.

Mme Cécile Cukierman . - Cette proposition de loi va être rejetée, je le regrette. On ne peut pas défendre la réindustrialisation, la souveraineté industrielle et se désintéresser de la question clé de la sidérurgie.

Un emploi industriel, c’est quatre emplois indirects. La fermeture des hauts-fourneaux aura des conséquences catastrophiques pour les territoires.

Des centaines de salariés sont inquiets. Le marché n’a rien fait pour eux, voilà la réalité ! La majorité des responsables politiques disent : « c’est malheureux, mais on ne peut rien pour vous ».

Si je fais de la politique, c’est que je crois à la mobilisation collective pour changer la vie des gens. Renoncer à ce combat, c’est servir la résignation, l’individualisme, l’immobilisme - terreau de l’extrême droite.

Au-delà de la question de la nationalisation, nous posons la question de l’action publique pour apporter des réponses aux Français.

Cathy Apourceau-Poly

Sénatrice du Pas-de-Calais
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PierreBarros

sénateur du Val-d'Oise
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SilvanaSilvani

Sénatrice de Meurthe-et-Moselle
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