C’est notamment vrai en matière de logement, car les besoins sont considérables. Plus de 4 millions de personnes souffrent de mal-logement, 330 000 sont sans abri et 2 000 enfants dorment à la rue. D’autre part, 5,8 millions de logements sont des passoires thermiques et 2,7 millions de demandes de logement social sont en attente.
Notre nouveau ministre de l’économie en sait quelque chose, puisque la Caisse des dépôts et consignations, qu’il a dirigée, prévoit une baisse de la capacité de production des bailleurs sociaux à 66 000 logements par an, alors qu’il en faudrait 198 000 selon l’Union sociale pour l’habitat.
Le secteur de la construction dans son ensemble est en crise, avec une baisse de 20 % des autorisations de construction en un an. Quelque 200 000 emplois sont menacés.
Où donc sont les crédits qui nous permettraient d’affronter les crises de l’hébergement et du logement et de défendre ce modèle français auquel, madame la ministre, vous vous dites très attachée ?
Pas dans la rénovation énergétique, puisque les crédits de MaPrimeRenov’, déjà insuffisants, baissent. Pas non plus dans l’aide à la pierre, puisqu’il n’y en a plus. Pas davantage dans le soutien aux bailleurs sociaux, qui continuent de subir une ponction de plus de 1 milliard d’euros par an avec la RLS. Et pas dans les aides au logement, qui augmentent toujours moins vite que les loyers.
Entre 1998 et 2021, d’après l’Insee, le niveau de vie médian a augmenté de 24 %, mais l’indice des loyers, de 33 % ; quant au prix des logements anciens, il a été multiplié par trois...
Ce phénomène est non pas le fruit de la fatalité, mais de choix politiques et idéologiques. Besoin vital, le logement est aussi une marchandise, un produit d’enrichissement et de spéculation. Rappelons que 3,5 % des multipropriétaires détiennent 50 % du parc locatif privé !
D’après un rapport d’information de nos collègues députés, la rente foncière est de 7 000 milliards d’euros. La taxe de 1 % préconisée dans ce rapport transpartisan dégagerait des ressources indispensables à une véritable politique nationale du logement pour tous.
Le logement social, bien public, est essentiel pour garantir le droit au logement, condition préalable à l’existence des autres droits et fondement du socle républicain. Dans les débats qui s’ouvrent, soyons donc ambitieuses et ambitieux pour que chacune et chacun de nos concitoyens puisse être logé dignement. Le prix de l’inaction serait insoutenable.