Culture : combien de soustractions ?

Crédits de la mission « Culture »

Publié le 20 janvier 2025 à 15:59

Quelle adéquation entre les moyens financiers de l’État et les ambitions affichées pour la préservation du patrimoine ?

Notre-Dame de Paris est accessible au public depuis le 8 décembre. L’attente suscitée par cet événement majeur montre l’intérêt exceptionnel de notre époque pour le patrimoine. Mais, madame la ministre, quelle adéquation entre les moyens financiers de l’État et les ambitions affichées pour la préservation du patrimoine ? Je partage le constat inquiet de Sabine Drexler. Malgré un amendement abondant un peu les CP du programme 175, ce budget ne corrige pas la décorrélation entre les crédits et les besoins.

Sans cette manne, la situation aurait été plus précaire, certes. Mais je regrette l’absence de programmation de longue durée pour financer les travaux d’aménagement de nombreuses institutions patrimoniales : pour le Louvre, asphyxié par ses neuf millions de visiteurs annuels, le remplacement des équipements obsolètes, l’ouverture de la colonnade... Je pense aussi au château de Versailles, au musée Guimet, à la Cité des sciences et de l’industrie, sans compter les projets nouveaux comme le musée du dessin de presse et le mémorial du terrorisme.

Il faut une vision globale, notamment pour le patrimoine non classé et sa composante religieuse. Un budget de 75 à 100 millions d’euros par an suffirait pour rénover ce patrimoine, dites-vous, madame la ministre. Vous proposez de rendre payante l’entrée à Notre-Dame de Paris, mais l’Église - et le pape François - s’y oppose. Il faut respecter le libre exercice du culte permis par la loi de 1905.

Comment pouvez-vous estimer le budget nécessaire pour rénover ce patrimoine, alors que vos services n’étaient pas en mesure de transmettre un inventaire, ni les besoins de rénovation, lors de notre mission d’information sur le patrimoine religieux en péril ?

Depuis le Mont-Saint-Michel, Emmanuel Macron a annoncé une campagne de rénovation du patrimoine religieux. Où en est-on ?

J’attire votre attention sur la situation patrimoniale très dégradée des synagogues d’Alsace et de Moselle, propriétés d’établissements publics du culte qui manquent de moyens. Leur classement pourrait les préserver. Elles sont les derniers témoignages d’un judaïsme rural qu’il nous faut préserver.

La lutte contre l’antisémitisme doit être une priorité de votre ministère. Le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme de Paris souhaite élargir les espaces d’exposition de ses collections permanentes pour accentuer ses politiques éducatives. La Ville de Paris allouera 6 millions d’euros. Conformément à une pratique ancienne, il serait heureux que le ministère de la culture lui apportât une subvention équivalente.

Pierre Ouzoulias

Sénateur des Hauts-de-Seine
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