Ce texte, en deçà des enjeux, est le produit d’une doctrine politique qui s’est résignée à la dépendance, et qui préfère la résilience à la souveraineté, l’adaptation à la maîtrise et la soumission au capitalisme numérique mondialisé plutôt que la reconquête de nos capacités industrielles et technologiques.
Notre dépendance technologique au cloud et aux logiciels américains n’a jamais été aussi grande. Pourtant, nous avons su développer des câbles sous-marins avec des entrepreneurs nationaux.
L’ADSL et la carte Vitale sont le fruit de l’industrie nationale. Mais les gouvernements successifs ont fait le choix de la désindustrialisation, de la disparition de Thomson ou d’Alcatel. Ommic, fleuron français des semi-conducteurs, et le domaine spatial ont été vendus. Le Gouvernement délaisse Atos. Les laboratoires de recherche de France Télécom ont été balayés. Nous avons manqué le tournant du cloud computing et sommes désormais soumis aux sociétés étrangères.
La France importe près de 20 milliards d’euros de technologie chaque année. Loin d’être un acteur de la révolution numérique, nous en sommes devenus des consommateurs passifs, prisonniers de systèmes d’exploitation et de cloud extraterritoriaux.
Le texte est le résultat de cet abandon. Il traduit une stratégie orientée vers l’aval de la chaîne de valeur, via les nouvelles obligations de reporting ou la surveillance de prestataires technologiques critiques, sans que le coût pour les collectivités et les entreprises ne soit évalué.
Dans certaines régions, les ressources humaines sont rares. Nous craignons des hausses de prix, mal anticipées par le Gouvernement.
Nous subissons les conséquences de choix d’externalisation des compétences et de plateformisation de l’action publique.
Ce texte, hélas, n’enrayera pas la concentration de ressources critiques entre les mains d’entreprises extra-européennes. Or cela conditionne l’autonomie stratégique des États et leurs capacités industrielles.
Nous émettons les réserves les plus vives quant à la méthode du Gouvernement qui renvoie trop d’éléments à des décrets.
L’enjeu reste celui de l’émancipation technologique ou économique face aux grandes plateformes numériques et aux multinationales.