Le peuple ukrainien est victime d’une guerre atroce et injustifiable. Néanmoins la paix ne se noue pas dans l’escalade. Or c’est bien la voie choisie, avec le triplement des dépenses militaires européennes. L’obsession martiale fait écho aux mots glaçants d’Ursula von der Leyen : « Le temps est venu d’assurer la paix par la force. »
L’Union européenne appelle au surarmement, dans un décalage impressionnant. Le chiffre de 5 % du PIB européen dévolu à l’armement correspond aux exigences de Trump de faire financer l’Otan par l’Europe, tout en préservant la suprématie américaine. Mme von der Leyen lui offre sur un plateau ce qu’il réclamait depuis des années.
L’Europe est addict aux armes américaines : nous importons toujours plus d’armes, et 64 % d’entre elles sont américaines. Dans l’attente d’une union d’épargne et d’investissement, devrons-nous compter sur BlackRock et consorts pour accompagner notre base industrielle et technologique de défense (BITD) ?
Nous ne croyons pas en cette fuite en avant quand les dividendes des marchands d’armes augmentent. En un an, le cours de Dassault a bondi de 66 %, et celui de Rheinmetall de 125 %. Nous dénonçons cette stratégie de militarisation à marche forcée.
Engageons-nous sur une autre voie, celle d’une conférence Helsinki II. La question ukrainienne ne peut occulter les grandes tensions au Proche et au Moyen-Orient. Le massacre d’Alaouites et de chrétiens en Syrie nous interroge sur la crédibilité de la conversion à la démocratie de ses dirigeants. Gaza continue à nous préoccuper : les trêves sans lendemain se succèdent, et le sort des derniers otages ou de leurs cadavres n’est toujours pas réglé. Comment la diplomatie européenne peut-elle agir de façon efficace si ce n’est comme l’Espagne, en reconnaissant deux États : Israël et Palestine.
Chez nous, certains subissent les logiques à courte vue de l’Union européenne : les salariés du Pas-de-Calais, des Hauts-de-France ou d’ailleurs savent ce que cela veut dire, particulièrement ce qu’il y a derrière le mot « compétitivité ». C’est l’excuse parfaite pour justifier la fermeture d’usines, les suppressions de postes, la disparition des savoir-faire ou l’allègement du devoir de vigilance, comme le prévoit la nouvelle directive Omnibus.