Intervention sur la question Kurde en Turquie à l’OSCE

Publié le 24 février 2012 à 17:06 Mise à jour le 8 avril 2015

Intervention portant sur la question Kurde en Turquie, lors de la 11ème réunion d’hiver de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE à Vienne.

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Dans la déclaration d’Astana, en son paragraphe 6, il est écrit :

"Nous réaffirmons catégoriquement et irrévocablement que les engagements pris dans le domaine de la dimension humaine sont des sujets de préoccupation directe et légitime pour tous les États participants et ne relèvent pas exclusivement des affaires intérieures de l’État concerné. Nous apprécions le rôle important joué par la société civile et les médias indépendants, qui nous aident à assurer le respect complet des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de la démocratie, y compris des élections libres et justes, et de l’État de droit."

C’est en référence à ce texte important que je me permets d’intervenir ce matin.
Nous avons dénoncé dans notre assemblée bien des insuffisances de la part de
certains Etats membres en matière de droits de l’homme mais je ne souviens pas que nous ayons abordé la question kurde depuis 2008 où je siège dans cette assemblée.

Or, avec toute l’amitié et le respect que je porte à ce grand pays qu’est la
Turquie, je dois dire que je suis choqué de la façon dont le gouvernement turc
combat depuis 3 ans toute vélléité de trouver une issue politique à la question
kurde.

Nous avions pu espérer un temps que des avancées vers la reconnaissance des droits élémentaires de ce peuple qui représente près du quart de la population de la Turquie, puissent se réaliser après un siècle de déni et de répression particulièrement brutale.

Mais après les élections municipales de 2009 tout s’est arrêté pour faire de nouveau place à la répression.

Aujourd’hui sous couvert de complicité avec une organisation terroriste, un
prétexte bien commode, ce sont des milliers de prisonniers politiques qui se
trouvent dans les prisons turques, dont beaucoup de femmes et d’enfants de 12
à 18 ans. La grande majorité sont dans l’attente d’un procès. Ce sont plus de
70 journalistes emprisonnés, plus de 130 élus : cinq députés, des conseillers régionaux, des maires, des maires adjoints, des conseillers municipaux auxquels il faut ajouter des juristes, des syndicalistes,des militants des droits de l’homme...

Beaucoup de prisonniers, gravement malades, se voient refuser l’accès aux
soins. Je tiens à disposition une liste nominative de ces cas.

Pendant mon séjour sur place la semaine dernière, il ya eu près de 160 arrestations le lundi 13 février et plus de 450 le mercredi 15 lors de manifestations pacifiques.

Je pense donc que, non seulement cette façon d’agir ne permettra pas de trouver une réponse à des revendications légitimes et risque de rallumer une guerre civile mais qu’elle est totalement contraire à nos engagements d’Helsinki réaffirmés dans la déclaration d’Astana.

C’est pourquoi je souhaiterais que notre organisation se saisisse de cette question et que,notamment, le rapport qui sera présenté à Monaco en juillet prochain l’intègre puisqu’elle touche aussi aux systèmes judiciare et carcéral en vigueur en Turquie.

Je vous remercie de votre attention.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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