Pressenti pour siéger à la Commission européenne, Thierry Breton, qui a annoncé ne pas briguer le poste, a en fait été limogé par Ursula von der Leyen... C’est un précédent préoccupant, qui témoigne d’une tendance lourde : l’effacement progressif de la France au niveau européen, et l’influence grandissante du capital allemand, dont l’industrie de la défense est intrinsèquement liée à celle des États-Unis.
Pourtant, Emmanuel Macron s’est empressé de nommer Stéphane Séjourné, sans la moindre résistance. La capacité de la France à défendre ses positions sur la défense, le nucléaire ou l’agriculture en a été affaiblie.
À nos yeux, ce texte va dans le bon sens en matière de transparence démocratique. En revanche, nous ne souhaitons pas qu’il y ait un droit de regard sur les nominations de juge ou d’avocat général, pour préserver leur indépendance et leur impartialité. Néanmoins, nous voterons ce texte, car nous sommes favorables au renforcement du rôle des parlements nationaux.
Mais cela ne répondra que très partiellement aux enjeux démocratiques européens, alors qu’un tournant majeur s’opère, puisque l’Union européenne reconfigure profondément sa politique de défense. Ainsi, Emmanuel Macron veut porter les dépenses de défense à 3 ou 3,5 % du PIB. Qui assumera ce fardeau ? Nous craignons pour les services publics, les travailleurs et les classes populaires. Les peuples d’Europe n’ont aucun intérêt à la surenchère militaire.
Il ne s’agit pas de nier la réalité de la menace, mais d’ouvrir une autre voie. Tant que l’Union européenne continuera de fonctionner sur les mêmes bases, tant que la Banque centrale européenne (BCE) restera hors de tout contrôle politique, tant que le marché intérieur servira les intérêts des grands groupes pharmaceutiques, énergétiques et militaires, il ne pourra y avoir de souveraineté démocratique. La France doit rompre avec le carcan budgétaire du pacte de stabilité, non pas pour alimenter un surarmement effréné, mais pour investir dans un autre modèle de développement, qui protège ses services publics et son modèle social.
Nous voulons une Europe des coopérations entre nations souveraines, affranchie du dogme néo-libéral, où la volonté des peuples prime le marché et les vendeurs de canons.
Nous voterons cette proposition de loi, en défendant une ambition bien plus grande : la rupture avec l’ordre maastrichtien et la refondation démocratique et sociale de l’Europe.