Nous saluons la création d’une commission nationale indépendante chargée de rétablir la vérité, mais regrettons qu’il n’ait pas été possible d’aller jusqu’à l’instauration d’une compensation financière.
Les femmes ont dû longtemps se débrouiller seules. Avant 1975, l’avortement, c’étaient des pratiques dangereuses, parfois mortelles, causant des hémorragies graves, des utérus percés, des septicémies. C’était s’exposer à des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 100 000 francs d’amende, et même la mort sous Vichy. L’avortement clandestin, c’était une double transgression : sociale et pénale. C’était l’isolement, la stigmatisation, l’échec.
Simone Veil mentionnait 300 000 femmes par an recourant à l’avortement, mais nous savons maintenant qu’elles étaient bien plus nombreuses - plus du double, voire le triple.
Annie Ernaux souligne que le paradoxe d’une loi devenue juste est qu’elle conduit presque toujours les anciennes victimes à se taire, car « c’est fini, tout ça ». Avec cette proposition de loi, nous brisons ce silence. Les femmes ont payé parfois de leur vie ce diktat sur leurs corps. Les coupables, ce ne sont pas les femmes, mais l’État qui les a mises en danger.
Ce texte arrive dans un contexte préoccupant de recul des droits sexuels et reproductifs. Pas moins de 47 000 femmes meurent chaque année des suites d’un avortement clandestin. La désinformation prolifère, et les assertions mensongères ont de plus en plus d’influence, notamment sur les jeunes.
Les femmes recourent à l’avortement à tout âge. Elles s’exposent à l’incompréhension, des jugements moraux, des questions intrusives.
Au-delà du devoir de mémoire, ce texte nous renvoie à notre responsabilité de lutter pour rendre effectif le droit à l’IVG et de continuer à écrire la vérité de l’histoire des droits des femmes. Nous nous félicitons que la France regarde son passé en face et voterons cette proposition de loi.